La sombra del desierto (o el Paraíso perdido)
Alors qu’une caravane de migrants attend de traverser le dangereux désert d’Altar pour rejoindre les États-Unis, les derniers Amérindiens du désert survivent à une diaspora qui les a poussés au bord de l’extinction.
Le désert de Sonora, installé entre le Mexique et les États-Unis, accueille, en témoin silencieux, le sort de deux populations. D’abord il y a les migrants, réunis là, venant de pays plus au sud. Ils ont tout lâché pour tenter de rejoindre les États-Unis et patientent à sa porte. Ils le disent, ils sont mieux ici, dans ce désert où ils attendent parfois depuis des mois. Et derrière eux ? Il n’y a plus rien, alors ce sera ici, au-delà, ou nulle part. La traversée a été éreintante : s’accrocher aux trains, défier les contrôles, échapper au banditisme. Ils s’acclimatent à présent à cet environnement sec et dangereux, ce dernier palier, dans l’attente de jours meilleurs. Plus loin, la région aride est habitée par les Tohono O’odham, peuple du désert, peuplant une frontière (leur territoire s’étend de l’Arizona aux États-Unis au Sonora au Mexique) dont l’existence jusque-là irréelle risque de devenir bien trop palpable : la construction du mur promis par Trump entre les États-Unis et le Mexique menace l’éclatement de leur communauté. Les deux mouvements que suit le cinéaste sont contraires : les uns, chez eux, déterminés à préserver leurs terres et leur culture, et les autres, en exil, souhaitant en partir au plus vite. Mais à la fois ensemble, et sans se mêler, entre les mêmes dunes et sous les vents désertiques, ils sont les repoussés, ceux dont on ne tient pas compte, chassés du monde tel qu’il avance. Depuis le désert hostile ou apprivoisé, ce paradis perdu, tous tentent de se dérober à leur sort tragique, profitant depuis les hauteurs de la fraicheur du soir et de ses couleurs, l’espoir battant.
Clémence Arrivé
Juan Manuel Sepúlveda, Viana González Delgado
Juan Manuel Sepúlveda
Nicolás Aguilar
Lorenzo Mora Salazar
Fragua Cine, fraguacine@gmail.com