Aller au contenu

Le Monologue de la muette

Khady Sylla
2008 France 45 minutes indéterminé

La muette, c’est la bonne, personnage nouveau à  Dakar. Corvéable et révocable à  merci, souffre-douleur de patrons capricieux, soumise à  toutes les pressions, à  toutes les menaces, à  tous les arbitraires, sans défense, sans droits, condamnée à  obtempérer et à  se taire, la bonne cristallise les aberrations de la transformation de la société sénégalaise, les contradictions de la mondialisation : la chosification de l’être humain, une précarité d’emploi source d’angoisse et de douleur, des villages qui se dépeuplent de leur jeunesse, des femmes qui travaillent à  la place d’hommes devenus incapables de nourrir leur famille, une croissance exemplaire et une population qui ne cesse de s’appauvrir. « Ce que je ne fais pas à  autrui, je ne veux pas qu’on me le fasse. Tout le monde peut se retrouver à  faire la bonne. Celle qui nous paye est bonne à  sa manière. Il y a toujours un patron pour payer. » (Ou pour ne pas payer.) Exploitée à  la ville, elle l’est aussi au village, par les siens. Alors la muette hurle sa colère en brisant les codes, en faisant feu de tout bois : en témoignant simplement avec ses mots ou en montant sur la scène, en mêlant le théatre au documentaire, le jeu aux situations objectives de travail, la fiction au décor réel des taudis, en séparant le son de l’image, en étendant son message au pays entier, de Dakar aux villages les plus reculés, en faisant résonner la cruauté du verbe sur la beauté de son visage si digne dans son silence. (Yann Lardeau)

Khady Sylla

Ecrivain et réalisatrice, elle a publié des nouvelles et un roman, Le Jeu de la mer (L’Harmattan) qu’elle a adapté avec Jean Rouch pour le cinéma.

A réalisé avec Charlie van Damme Le Monologue de la muette, 2008, Une fenêtre ouverte, 2005, et Colobane Express, 1999.

Production :
Athénaise
Distribution :
Athénaise
Montage :
Emmanuelle Baude
Son :
Gwenn Nicolay
Photo :
Charlie van Damme

Dans la même section