Le Papier ne peut pas envelopper la braise
« Le signe évident de la fêlure sociale dans un pays qui a subi des décennies de guerre, c’est la façon dont on exploite économiquement et politiquement le corps des gens démunis : les pères soldats morts à la guerre laisseront des enfants ouvriers sous-payés, ou pire, prostitués. Vies violées, destins ravagés, corps devenus des objets de transaction […] Filmer des personnes et non des personnages. Filmer la vie et y trouver la dramaturgie qui en fait une histoire et un film. Je ne veux pas filmer ces jeunes comme des corps-objets, je voudrais qu’elles soient porteuses du film. Qu’elles expriment la revendication d’une humanité. Une voix, un visage, un nom. La parole ici se lève contre la négation de l’humain. La parole pour remplir le vide dévastateur au fond de soi-même, et recoller des souvenirs détruits, donner vie à un temps suspendu. La parole ne sert pas à témoigner, mais aussi à panser les plaies. […] Un visage dans une lumière rouge… – Pourquoi ne rentres-tu pas maintenant au village ? – Je ne veux pas… j’ai honte. – Personne ne sait ton histoire. Si tu veux, je t’aiderai… retourne au village. – Non, j’ai honte. Personne ne sait ce que je fais ici à Phnom Penh. Mais moi, je le sais. » (Rithy Panh – Projet du film)
Ina; Bophana Productions; France 3; France 5
Marie-Christine Rougerie
Sear Vissal
Prum Mesar