LES CHEVEUX COURTS, RONDE, PETITE TAILLE
« C’est horrible comme elle me fait penser à ma mère, que je viens de perdre il y a un an » : toute honte bue, Robin Harsch s’autorise à filmer sans lui demander son avis une voisine transformée bien malgré elle en souvenir-écran. Même l’heure à laquelle elle se lève est mise en parallèle, comme une absurde coïncidence, avec l’heure du décès de la mère. On voit bien pourquoi dans un commentaire off parfois cocasse, le narrateur-cinéaste peste contre le « gamin » de sa voisine qui s’attarde auprès d’elle sur le balcon, s’imposant dans le champ : cet adolescent trop réel empêche au filmeur de se projeter dans l’image. Car sous les airs du relevé facétieux des obsessions (« je parcours 180 mètres par jour entre mon bureau et ma fenêtre pour contrôler si elle ne serait pas par hasard sur son balcon »), c’est la possibilité d’un deuil qui se joue ici. Une fois la rue traversée et le courage pris à deux mains pour sonner chez l’inconnue, quelle parcelle d’osmose fantasmée avec la disparue pourra subsister ? Comment quitter un endroit que l’on a tant voulu croire hanté, histoire de savourer encore un peu la compagnie d’un fantôme ? (Charlotte Garson)
Rita Productions
Robin Harsch
Rita Productions