Limbo
Un voyage onirique dans la vie d’Alex, ancien guérillero chez les FARC, au cours duquel il se retrouve confronté à ses démons. À l’intérieur d’un camion transformé en chambre noire, Alex nous raconte son expérience de la guerre et les séquelles laissées par celle-ci.
L’anthropologue et documentariste Alexander L. Fattal a imaginé un dispositif congruent pour recueillir le témoignage d’anciens membres des FARC revenus à la vie civile. Limbo est consacré à l’un d’eux, prénommé Alex. Voyageant sur les routes des montagnes colombiennes à l’intérieur d’un fourgon transformé en camera obscura, Fattal laisse l’ancien guerillero raconter comment il a intégré les rangs du groupe révolutionnaire et comment il en est sorti, sa jeunesse, ses faits d’armes et ses visions oniriques, tandis que l’image inversée des paysages traversés se projettent dans l’habitacle à travers le sténopé. L’inconfort de la situation évoque bien sûr d’emblée les enlèvements perpétrés par le groupe, tandis que son caractère confessionnel quasi- psychanalytique tend à réassigner les positions des bourreaux et des victimes. Mais en installant une situation à la fois étanche et poreuse au monde, le procédé produit des impressions plus profondes qui touchent au mode de réception du cinéma : une façon d’être au bord de l’endormissement, dans un état paradoxal d’éveil et de somnolence, de perte de réalité et de vivacité hallucinée. Telle est peut-être la condition de ces guérilléros suspendus entre leur vie maquisarde passée et leur vie civile retrouvée, soumis aux assauts inconscients de possibles représailles. Elle rejoint en tout cas assurément celle d’un spectateur, que chaque film cherche « à libérer de l’emprise du spectacle depuis l’intérieur du spectacle lui-même » (Victor Burgin).
Antoine Thirion
Nicolas van Hemelryck (Casatarantula), Clare Weiskopf (Casatarantula), Alexander L. Fattal (Break the Frame Films)
Julian Mejia Villa
Juan Felipe Ferero
David Rojas
Santiago Lozano
Marvin&Wayne, fest@marvinwayne.com