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Makongo

Elvis Sabin Ngaibino
2020 République centrafricaine, Argentine, Italie 72 min Akan

André et Albert sont deux jeunes pygmées Aka (République Centrafricaine). Ils sont parmi les rares de leur communauté à étudier.

Pour son premier film, Elvis Sabin accompagne Albert et André, Pygmées Aka de Centrafrique habitant auprès de leur communauté dans un campement en pleine forêt. Seuls scolarisés du village, ils ont décidé de transmettre leurs connaissances en ouvrant des classes dans les villages des Pygmées. Peuple des forêts, cueilleurs hors pairs, ils comptent sur la récolte des chenilles (Makongo) pour financer leur projet mais le monde est contre eux et le film déroule un conte aux héros maudits. Les abîmes de la forêt ne sont jamais assez profonds et les logiques marchandes et de domination se sont infiltrées partout. Le film arpente un territoire où tout semble dû, même au bord du monde l’argent régit. Il faut tout négocier, toujours donner plus, accepter les arnaques pour obtenir un peu et laisser glisser menaces et mépris ordinaire. Car les Pygmées ont été mis au ban, déclassés et sont sans cesse stigmatisés par le reste de la société centrafricaine. Face à elle, la bonté des deux hommes est infaillible et le film les accompagne sans fléchir, attentif à leurs regards éreintés mais jamais découragés, à leurs gestes et à leur persévérance. Ils avancent, sans se plier, à travers l’individualisme et la domination devenus monnaie courante. Le village paraît condamné non pas par les branches et les marécages sans fin mais par le mépris et la soif de richesse prêts à dissoudre ce qu’il reste de communauté. Mais en mettant les enfants sur les bancs et en s’adonnant aux chants polyphoniques qui ponctuent les journées du village, le collectif vibre, repoussant la sentence à demeurer des damnés de la terre.

Clémence Arrivé

Elvis Sabin Ngaibino

Diplômé en géologie, Elvis Sabin Ngaïbino a toujours rêvé de se consacrer au cinéma. En 2012, il fonde avec des amis l’Académie du Cinéma Centrafricain, une association regroupant des passionnés de cinéma. Il produit et réalise avec les moyens du bord des petits films pour la télévision centrafricaine, jusqu’au jour où son chemin croise celui des Ateliers Varan qui lui donnent une formation au cinéma documentaire et lui permettent de tourner Docta Jefferson, le portrait d’un pharmacien de quartier, sélectionné dans plusieurs festivals internationaux.

Production :
Daniele Incalcaterra
Image :
Elvis Sabin Ngaïbino
Son :
Giorgio Vita Levi et Edoardo Martin
Montage :
Valentina Cicogna
Contact copie :
Makongo Films, danieleincalcaterra@gmail.com

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