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Nous sommes nés pour marcher sur la tête des rois

Vincent Sorrel
2007 Royaume-Uni Anglais

L’île d’Eigg, en Ecosse, a la forme d’un gros haricot. Battue par les vents et la pluie, noyée dans la brume, un paysage sublime et glacé, sombre et vert, de landes et de falaises basses. Nous sommes nés pour marcher sur la tête des rois commence au fond d’une grotte, dans la nuit, la nuit des temps, celle d’un récit qui tient du mythe: le massacre de la population de l’île par un clan, issue terrible de vengeances, vols de femmes et rapt de terres. Jadis, Eigg appartenait à  un seigneur qui régnait en maître absolu, un ordre féodal usé qui a poussé ses habitants, trop pauvres, à  fuir leur terre natale, et transformé l’île en un désert. Pour éviter qu’elle ne soit rachetée et leur cadre de vie détruit, les nouveaux îliens se sont regroupés en une coopérative et sont devenus les nouveaux propriétaires de l’île. Un conseil d’habitants examine l’avenir, le statut des terres, leur mode de transmission, les investissements nécessaires à  l’aménagement et au développement. Les réflexions de l’assemblée sont l’armature du film. Derrière le portrait de quelques familles, autochtones ou nouveaux venus, éleveurs traditionnels ou adeptes de l’agriculture biologique, derrière la recherche des motivations de chacun, enfant du pays ou cadre de l’industrie revenu à  la terre, Nous sommes nés pour marcher sur la tête des rois tisse, subtilement, pas à  pas, d’un paysage à  l’autre, les fils d’une chronique marxienne où la volonté de créer une société maîtresse de sa destinée et de son cadre de vie se heurte à  l’insuffisance démographique et à  l’épineuse question de l’immigration, au sous-équipement et à  la puissance de l’argent, au manque de moyens et de temps, à  l’attraction et à  la dépendance du monde extérieur, à  la délégation des pouvoirs et à  la bureaucratisation des décisions, à  l’indétermination d’un projet commun et aux calculs individuels, en somme à  l’exercice périlleux de l’autogestion et de la démocratie directe. (Yann Lardeau)

Vincent Sorrel

Né en 1971. Après des études à l’Ecole de Cinéma de Lodz (Pologne), il réalise en 1995 un premier documentaire (Là-bas où le diable vous souhaite bonne nuit, 1999).

Il est membre de CINEX, atelier de pratiques cinématographiques.

Production :
Cinex Atelier du cinéma excentrique; France 3 Corse; JFR Productions
Montage :
Christian Cuilleron
Son :
François Waledisch
Photo :
Vincent Sorrel

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