Obama Song

Nous n’irons pas jusqu’à dire que la caméra de Dominique Dubosc a fait l’élection de Barak Obama, mais enfin il y a de ça. Si le soir du 4 novembre 2008, aux Etats-Unis et dans le monde, la victoire de Barak Obama est l’événement, à Harlem, la caméra de Dominique Dubosc, crée, de par sa présence et son insistance, l’événement. Obama Song est un instantané de Harlem alors que la foule laisse exploser sa joie. Beaucoup d’émotion donc, de cris, de rires, de larmes, de joie et de peur tant c’est difficile à croire, tant le passage de Yes we can à Yes We Did It reste inconcevable, irréel, même après sa concrétisation. Trop beau pour être vrai. Partout on se photographie, avec des numériques, des portables, comme s’il fallait de toute urgence fixer le moment, en garder une image, une trace, des fois que l’original vienne à disparaître. Moment de grâce et d’élan mais aussi de doute, d’incertitude, d’épuisement, ballet et chant à la fois, que Dubosc saisit en quelques lieux clés et en de longs plans-séquences noir et blanc où, surgissant de la foule, les uns le prennent à témoin, l’interpellent, tandis que les autres chantent, jouent un accord, esquissent une danse, comme s’il fallait qu’en ce point unique se focalise toute la charge affective du moment. Dans cette nuit de Harlem un seul point de couleur, le discours d’Obama après son élection, retransmis sur un écran géant. Vient enfin l’aurore et les premières couleurs affleurent, par taches alors que les rues se vident. Harlem sort d’une longue, d’une très longue nuit. (Yann Lardeau)