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Off Power

Théodora Barat
2021 France, Hong Kong 17 min

Une analyse du développement urbain de Hong Kong au travers de son infrastructure électrique qui bascule lentement dans la science-fiction. Un phénomène mystérieux oblige à couper son alimentation en électricité. Hong Kong est alors plongée dans l’obscurité totale.

Quelque chose vibre, bourdonne, grésille, sous la surface d’images en apparence ordinaires de Hong Kong. Quelque chose palpite, plutôt. Ce serait le mot juste puisque le premier carton du film désigne l’électricité, qui est ici le sujet, comme le « sang des sociétés modernes ». Ainsi c’est l’œil d’un naturaliste (son oreille surtout) que pose Off Power sur l’infrastructure de ce territoire qui est parmi les plus densément peuplés au monde. Dans le fond du paysage, l’image révèle bientôt une présence aussi sourde que la rumeur crépitante : trois cheminées colossales, trois artères béantes au milieu du brouillard. C’est le cœur, l’origine des pulsations électriques : la centrale maintes fois délocalisée à laquelle Hong Kong doit le frémissement sans trêve de ses néons, plantée depuis 1982 parmi la nature vierge de l’île de Lamma. Justement : et si le frémissement cessait ? Ici le film, toujours guidé par son oreille, laisse doucement dériver son geste d’observation vers un scénario de science-fiction, impliquant de reformuler encore l’intuition sonore : la palpitation était plutôt un fourmillement. Le film qui commence alors pourrait s’appeler, à la façon d’une série B du premier âge atomique : L’Invasion des fourmis électriques. Quelle meilleure image en effet pour dire combien, à Hong Kong comme ailleurs, l’électricité a lentement colonisé la vie ? Et pour rêver dans la foulée un songe symétrique à ce long cauchemar : un monde délivré de ses néons, tout bourdonnement éteint, rendu à son obscurité et à son silence ?

Jérôme Momcilovic


Lire l’entretien avec Theodora Barat

Théodora Barat

Théodora Barat mène une pratique pluridisciplinaire allant du film à la sculpture en passant par la photographie. Elle s’intéresse aux environnements en mutation, à ces moments ultimes où le paysage artificiel devient signe. Elle y ausculte les figures de la modernité, dissèque ses chimères afin d’interroger notre devenir. Son travail a été présenté au Centre Pompidou, au Cneai, à Nuit Blanche, à la Friche Belle de Mai, au K11 – Musea (Hong Kong), à la Emily Harvey Foundation et la Elizabeth Foundation for the Arts (New York), au CAC Vilnius (Lituanie), ainsi que dans de nombreux festivals internationaux. Théodora Barat est pensionnaire 2021-2022 de la Villa Médicis – Rome.

Producteur :
Réalisé dans le cadre de la résidence Micromégas - Hong Kong
Image :
Théodora Barat
Son :
Arno Ledoux
Montage :
Cécile Perlès
Contact copie :
theodora.barat@gmail.com

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