[Pewen]araucaria
Au sud du Chili, dans la région de l’Araucanie, un jeune poète parcourt le territoire pewenche, qui porte encore les stigmates du colonialisme. « J’entre dans l’ancienne Maison française, qui est maintenant un bar… » D’une voix off parcimonieuse entièrement composée de citations, Carlos Vásquez Méndez transforme un paysage qui semble pur présent en lieu où affleure l’Histoire. Si pour les Mapuche, la nation chilienne est encore perçue comme intrusive, c’est aussi parce que l’urbanisation du dix-neuvième siècle a paupérisé les indigènes. D’où une division du film entre noir et blanc et couleur ; au centre du diptyque, le poète semble s’arracher à sa peine pour aller à la rencontre d’un « autre » majuscule. Dans le second segment, « Frater germanus », la fraternité est d’abord celle, biologique, des deux Pewenche ramasseurs de pignons à qui il s’adresse. Mais cette rencontre change tout, ouvrant le film à une autre fraternité. Elle se déploie autour du pignon, fruit minuscule qui a donné son nom au peuple Mapuche-Pewenche. Central à sa culture, le pin araucaria que Don Segundo grimpe professionnellement depuis l’enfance permet ici à la fois de questionner le point de vue (« On voit votre maison d’ici ? Alors vous surveillez votre femme en permanence ! ») et à le décentrer, pour dépasser un exotisme dont la première partie, énigmatique et esseulée, disait toute la méprise, la douloureuse séparation. (Charlotte Garson)
Carlos Vásquez Méndez
Carlos Vásquez Méndez
Carlos Vásquez Méndez; Linda Sonego Greenway; Amanda Villavieja Garcia
Carlos Vásquez Méndez
Carlos Vásquez Méndez