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Retour à  Forbach

Return to Forbach
Régis Sauder
2017 France 78 minutes Français
DR

Trente ans après avoir quitté le pavillon familial de Forbach, à la frontière franco-allemande, le cinéaste revient tourner dans sa ville natale, alerté par la montée du Front national en 2014. Il sillonne le territoire de sa « honte » avec d’anciens camarades qui l’habitent toujours.


« C’est une ancienne ville minière de Moselle Est, dans le bassin houiller lorrain, à la frontière germanique. Au gré des guerres et des annexions, elle a été tantôt rattachée à l’Allemagne, tantôt à la France… » L’introduction ne doit pas tromper : ce Retour est résolument filmé et écrit à la première personne. C’est celui d’un fils de Forbach, perpétuel outsider dans une ville qui voyait d’un mauvais œil sa double ascendance (père instituteur lorrain et mère pied-noir) et son incapacité à parler lorrain. Trente ans après être parti, il constate que les racines familiales s’étiolent, et qu’il n’est pas revenu pour les renforcer. L’autobiographie sert de tremplin à une enquête traversée par la force photographique des paysages et l’urgence d’une question : pourquoi la ville de tradition ouvrière a-telle cédé en 2014 aux sirènes du FN ? Anciens camarades restés au bercail et historien local y apportent une réponse plurielle et complexe. Le film fait aussi exister à l’écran des « vies qui ne laissent pas de traces », marquées par la fin de l’industrie houillère et les délocalisations, qui font le lit du racisme. Parti se replonger dans la hante – déformation dialectale de « honte » chargée d’un surplus fantomatique –, Régis Sauder dépasse la double trahison – personnelle et collective – pour livrer une histoire populaire de Forbach, proche dans son esprit des travaux de Didier Eribon et d’Annie Ernaux. (Charlotte Garson)

Production :
Violaine HARCHIN; Dominique Renauld; Milana Christitch; DOCKS 66
Distribution :
Violaine HARCHIN
Montage :
Florent Mangeot
Son :
Pierre-Alain Mathieu
Photo :
Régis Sauder

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