Shelter – Farewell to Edén
Récit kaléidoscopique d’une trajectoire, Shelter – Farewell to Edén est issu d’une rencontre : celle de Pepsi, transsexuelle philippine élevée au sein du Front Moro islamique de libération. Ayant fui le mouvement, elle passera dix ans en Libye avant que son homosexualité ne la force de nouveau à partir, pour l’Europe cette fois. La voix assurée de Pepsi retrace de façon fragmentaire un trajet qui passa par l’Italie, la France, et s’interrompit plus longuement au Royaume-Uni, mais dont la destination finale reste… « la Lune ». L’invisibilité de son visage n’empêche en rien de saisir le caractère très particulier de son histoire et de son point de vue ; il donne cependant à cette silhouette aux longs cheveux noirs une dimension mythologique, d’autant plus que les images qui abritent sa voix tissent un autre récit. Par des jeux d’écarts ou de soudaine coïncidence, elles viennent tantôt appuyer les propos, lorsqu’elles donnent à voir les lieux mêmes de l’odyssée relatée, tantôt les élargir, quand viennent s’y loger ces autres corps, venus en Europe dans des circonstances différentes, mais passés sur les mêmes chemins, sous les mêmes ponts, et que la caméra vagabonde d’Enrico Masi se met parfois à suivre. La concordance de l’image et du témoignage n’est jamais totale, et le film donne ainsi à sentir quelque chose de l’exil, du caractère toujours précaire de cette sécurité enfin atteinte. Débordant les dimensions de l’individu, le film construit à partir de bribes de réel une symphonie qui restitue l’énergie vitale de ceux qui arrivent en Europe par des chemins tortueux.
Olivia Cooper-Hadjian
Stefano Migliore (Caucaso), Lois Rocque (Ligne 7)
Stefano Croci
Jacopo Bonora
Giuseppe Petruzzellis
Fabrizio Puglisi, Laura Loriga, Patrizio Barontini
Caucaso Factory, contact@caucaso.info