Tarkowskij und Ich

Depuis des années, c’est un rituel immuable dans ce petit appartement de Bensheim : une vieille dame approche sa chaise de la fenêtre, et regarde, droit devant elle, le carrefour désert. « Notre famille s’est installée en Allemagne il y a huit ans, chacun à  sa manière s’y est refait sa vie, seule ma grand-mère n’a pas pu s’adapter. […] Elle ne sort plus et ne comprend pas l’allemand, mais revit si un film russe passe à  la télévision. Des murs nus, une chaise, un fauteuil, la télé – son quotidien . Avec son charme et son humour, elle peut parler des choses les plus tristes, et faire vivre souvenirs et images du passé. Alors la mélancolie se transforme en un voyage d’où surgit la métaphore universelle de l’immigrant en exil. » (Eldar Grigorian)