The Benevolent Dictator
Juif viennois qui put quitter l’Autriche en 1938 via le système du Kindertransport, Norbert Abeles est devenu fonctionnaire colonial britannique en Afrique dans les années cinquante. Désormais nonagénaire, il vit au Malawi où il s’est remarié, après de nombreuses années au service d’institutions comme l’Unesco, mais aussi de despotes africains. Les réalisateurs tournent au présent, sans l’appui d’archives, créant une tension entre le témoignage de cet ancien enfant battu qui a dû s’endurcir pour survivre et des plans de sa vie présente. Dans son pays d’adoption, sa richesse, fût-elle relative, a de longue date instauré des relations inégales entre ses douze employés de maison, son épouse et lui. « Je savais que le Malawi n’était pas démocratique, j’avais vu plein de dictatures… On met ça de côté en utilisant la situation à son avantage. » Entre analyse lucide des mécanismes coloniaux (en particulier économiques) et cynisme pur et simple, son discours devient d’autant plus terrible qu’il est mis en contraste avec des situations quotidiennes, presque sans paroles, où son entourage travaille pour lui sans relâche. Proche de la sécheresse grinçante et frontale d’un Ulrich Seidl, le ton de The Benevolent Dictator utilise l’acuité de ce regard expérimenté pour comprendre la perpétuation délibérée d’une vision du monde tranquillement dictatoriale. Le finale glaçant du film a des allures de « CQFD ». (Charlotte Garson)
schaller08; Supersonicglide
Bernhard Braunstein; Martin Hasenöhrl; Lucile Chaufour
Bernhard Braunstein
Martin Hasenöhrl; Bernhard Braunstein
schaller08