Aller au contenu

The I and S of Lives

Kevin Jerome Everson
2021 États-Unis 7 min

Les lettres « I » et « S » de « Lives » sont les lettres où il y a le moins de résistance. Un homme – Jalheel Gardner – fait du roller en passant d’une lettre à l’autre sur le trottoir de la Black Lives Matter Plaza à Washington D.C., par un après-midi de l’été 2020.

©Kevin Jerome Everson; courtesy the artist; trilobite-arts DAC; Picture Palace Pictures

Kevin Jerome Everson, qui était l’invité de Cinéma du réel voilà deux ans, poursuit de film en film (plus d’une centaine, déjà) une remarquable œuvre de peintre. The I and S of Lives y est une nouvelle scène de genre : un jeune homme noir et admirablement gracieux fait des volutes en patins à roulettes sur la 16e rue à Washington. Son short jaune rappelle les larges bandes de peinture qui, sous les patins, délimitent ses va-et-vient sur le bitume. Autour, des tambours résonnent et finissent de faire verser le film dans la transe. Pour savoir que la performance se joue, à deux pas de la Maison Blanche, sur la « Black Lives Matter Plaza » inaugurée en juin 2020, il faut reconnaître ces larges bandes jaunes, qui sont des lettres et forment le nom du mouvement né après la mort de George Floyd. Le patineur, qui s’appelle Jalheel Gardner, ne patine que sur le « I » et le « S » de « Lives », parce que ce sont les deux lettres qui opposent le moins de résistance à la gomme de ses roues : voilà pour le titre – et pour le contexte et pour le symbole, tout juste saisis dans le fond de l’image qui s’occupe d’abord à regarder la performance. Car The I and S of Lives n’est pas plus un tract que ne l’étaient les précédents films d’Everson. Seulement l’empreinte de la durée de ces quelques tours de patins, une sculpture taillée dans l’énergie cinétique offerte par une danse qui finit par emporter le film lui-même, ayant commencé immobile pour dessiner une scène au danseur, et finissant derviche à son tour, entièrement réglé en cela sur la méthode que revendique Everson, de s’en remettre au personnage et à personne d’autre.

Jérôme Momcilovic

Production :
Trilobite-arts DAC, Picture Palace Pictures (Kevin Jerome Everson, Madeleine Molyneaux)
Image, montage :
Kevin Jerome Everson

Dans la même section