The Plains
Chaque soir, après sa journée de travail, un homme à la cinquantaine bien tassée rentre chez lui dans la banlieue de Melbourne.
Il est environ 17h. Depuis le siège arrière d’une voiture, on voit un homme prendre le volant. Il appelle sa mère, puis son épouse Cheri. Allume la radio, l’éteint. S’enfonce dans les bouchons. Avant qu’il soit arrivé à destination, nous voici revenus à la case départ, et l’homme avec. Cette fois, son collègue David monte avec lui. Le trajet se répètera encore et encore, au fil des saisons – l’appel à la mère, l’appel à Cheri, avec ou sans David –, mais jamais on ne verra Andrew atteindre son foyer. Il dirige son véhicule, mais sur une voie toute tracée, et doit composer avec les trajectoires des uns et des autres. Le temps du film, le périmètre de son existence se limite à cet habitacle, mais la parole ouvre un espace sans bornes, qui se déploie dans toutes les directions. Le présent, le passé, l’avenir, mais aussi les idées, les sentiments et les autres mondes possibles sont réunis dans cette bulle qui devient un monde en soi. Le paysage urbain qui défile inlassablement à travers les vitres de la voiture est toujours semblable et jamais identique. Au fil des discussions rejouées, le récit d’une vie prend forme : les personnages récurrents, les doutes, les regrets. Andrew n’a pas d’enfants. « C’était un choix, je crois », dit-il avec son attitude philosophique habituelle, tandis que la génération qui le précédait est en train de s’effacer. Une deuxième caméra, affranchie de la gravité, nous arrache parfois à Andrew et à son véhicule pour nous projeter en plein bush. Les mouvements saccadés du drone finissent par faire entrer dans le champ deux silhouettes : Andrew et Cheri sont bien là, les pieds fermement ancrés sur la Terre.
Olivia Cooper-Hadjian
David Easteal
Simon J. Walsh
Steven Bond, David Easteal, Nick Batterham, Matthieu Langlet
pascale@pascaleramonda.com