The White Elephant
À partir de vidéos des années 1990 trouvées sur Internet, Shuruq Harb imagine le flux de conscience d’une adolescente palestinienne, ses préoccupations amicales et amoureuses dans le climat politique des Accords d’Oslo. Entre la perte d’un ami militant de la Première Intifada et la méfiance envers un amoureux voleur de voitures israéliennes qui insiste pour désigner son geste comme politique, la jeune fille observe, doute, suspend son jugement. L’inspiration semi-autobiographique du film entre en tension avec ses sources issues de la pop culture israélienne : Guerre du Golfe, Première Intifada, phénomène de la trance music qui, à Tel Aviv, offre un sas de décompression aux jeunes soldats de Tsahal. La cinéaste pose un regard critique sur cette culture, au miroir déformant de laquelle l’identification d’une jeune Palestinienne achoppe. Seule la rave party – « 72 heures de folie musicale » où elle peut passer pour une Israélienne – permet de manière éphémère d’oublier le clivage. « On voulait tous échapper à quelque chose, lui comme soldat, nous pour disparaître… » Une personnalité fraye à travers des figures qui fuient toute assignation identitaire, y compris en compliquant la notion même d’identité, telle Dana International, chanteuse israélienne d’origine yéménite, première transgenre à gagner l’Eurovision – mélange des origines et transformation physique impriment leur forme à un montage qui fragmente plutôt qu’il ne construit : « Quand on démonte quelque chose, comment savoir comment la chose était au départ ? » (Charlotte Garson)
Shuruq Harb
Sophia Harb
Mirna Bamieh, Marwan Assad et vidéos YouTube
Shuruq Harb, Ameen Nayfeh
Shuruq Harb