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Tout ça peut mal tourner

Christophe Derouet
2019 France 33 min Français

J’ai rencontré André S. Labarthe en 1993. Pendant des années, j’ai essayé de faire son portrait. Il bottait gentiment en touche. Il y a 3 ans, je lui ai proposé de ne filmer qu’une séquence où il me parlerait de ses livres et manuscrits rares. Juste cela.

André S. Labarthe a eu, enfant, une collection de timbres, qu’on lui a volée. Devant ce portrait tourné par Christophe Derouet un an ou deux avant sa mort, on se prend à se demander ce qu’il serait advenu de lui s’il avait pu poursuivre cette première et innocente collection. « Tout ça peut mal tourner » vise avant tout à rappeler que si Labarthe, disparu en 2018, a été beaucoup de choses (critique dandy, cinéaste partisan du coup de dé, fétichiste notoire, spécialiste de Bataille, plutôt bon au babyfoot), il était avant tout, à l’intersection de ces activités, un collectionneur, de toute chose pouvant justifier d’être collectionnée, autant dire à peu près tout – les cinéastes avec la série des « Cinéastes de notre temps », les manuscrits de Debord et les lettres d’Hans Bellmer, mais il avait aussi une collection d’animaux écrasés sur la route et une collection d’ongles. Christophe Derouet inspecte le goût qui portait Labarthe vers le désordre, l’accident, l’éclat de la contingence, afin d’y dévoiler non pas une manie mais une méthode, un art poétique, largement hérité des surréalistes. Labarthe avait notoirement la passion du hasard, et c’est pour aller à sa rencontre, probablement, qu’il entamait toutes ces collections. Dans le film, il y a cette belle idée : Labarthe est filmé rêvant et son rêve est fait de fragment des entretiens (donc des ≪ histoires ≫) que le film va montrer – et ainsi le film entier semble sortir d’un rêve de Labarthe. Il y a aussi ce mot de lui, au détour d’une longue tirade en faveur de la dérive : ≪ ce qui est intéressant, c’est ce qui existe. ≫

Jérôme Momcilovic

Production :
Anne-Catherine Witt (Macalube Films) (hautlesmains productions)
Image :
Thomas Bataille, Patrick Messina
Son :
Dana Farzanehpour, Franck Cartaut
Montage :
Céline Perreard
Contact copie :
Macalube Films, macalubefilms@gmail.com

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