Undo
À Khorramshahr, ville iranienne à la frontière de l’Irak, dialogue douloureux entre deux hommes d’images, un photographe iranien et un caméraman de l’armée irakienne, sur la guerre qui opposa leurs pays de 1980 à 1988.
À Khorramshahr, ville iranienne à la frontière de l’Irak, qui l’occupa pendant deux ans, un photographe iranien et un caméraman de l’armée irakienne se rencontrent, 37 ans après le début de la guerre entre leurs pays respectifs. Leur dialogue, chacun dans sa langue, semble à la fois périlleux et nécessaire, et ceux qui en sont témoins alentour avancent une oreille prudente ou se risquent à raconter leur histoire de guerre et d’occupation. Heureusement, il ne s’agit guère ici de restituer « objectivement » deux témoignages en miroir. La caméra suit plutôt la façon dont la parole essaime, faite de sentiment d’aujourd’hui et de bribes de souvenirs souvent très visuels pour ces deux hommes d’images. C’est Qassem, l’Irakien, qui pointe la réversibilité de l’antagonisme : « Même la mosquée était bombardée. Je me suis dit : “Et si ça avait été nous ?” » Tous deux ont en commun d’avoir été déracinés, l’un par la guerre (dans une séquence glaçante, il décrit la vie et la beauté de sa maison, traçant au sol des pièces disparues devant une autre bâtisse qui l’a remplacée), l’autre par de multiples attentats-suicides qui ont détruit ses studios-photo successifs. Devant l’ampleur de ce qui est irrémédiablement détruit, impossible à défaire (undo) architecturalement, humainement et politiquement, le finale propose un terrain commun, littéralement humble : les herbes, le bord de l’eau, le climat – moins une utopie bucolique pour cette ville exsangue que la possibilité de l’extraire de ses seuls stigmates historiques. (Charlotte Garson)
Majed Neisi
Mahvash Sheikholeslami
Hassan Shabankareh
Rouzbeh Rayga