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Afterwater

Dane Komljen
2022 Allemagne, Corée du Sud, Espagne, Serbie 93 min
© Flaneur Films
© Flaneur Films

Jonasz et Signe quittent la ville en train et vont planter leur tente au bord d’un lac. Nageant dans l’eau froide, le monde extérieur leur semble très loin. Un étranger apparaît et un trio se forme alors. Mais il existe d’autres trios, d’autres lacs, d’autres temporalités.

Le deuxième long métrage de Dane Komljen est porté par un mouvement progressif vers son sujet : l’eau. Inspiré notamment par les travaux de G. Evelyn Hutchinson, le film commence dans l’espace détaché d’un laboratoire scientifique consacré à la limnologie – l’étude de l’écosystème fermé des lacs – puis s’en éloigne au profit d’une exploration physique et psychique du lac même. Le film utilise dès lors tous les moyens à la disposition de sa quête de la source : textes, langues et langages, mouvements, formats, à la fois méditatifs et désirants. Les personnages cherchent à se rapprocher par le toucher, l’échange de costumes, les lectures partagées, ou le simple fait d’enlacer leurs sommeils (partageant des rêves, peut-être), de sorte que le désir de l’eau devient aussi un désir de se dissoudre les uns dans les autres. L’un des protagonistes lit à voix haute pour sa compagne : « Il n’y a pas assez de bouches pour prononcer tous tes noms fugaces, ô eau. Il faudrait que je te nomme dans toutes les langues, en prononçant toutes les voyelles à la fois, tout en gardant le silence pour le lac qui n’a pas encore de nom et qui n’existe pas sur cette terre… » Le film forme ainsi un triptyque de trois époques, espaces, géographies, personnages et corps disparates, sans autre corrélation que l’eau, à la fois substance et subconscient partagé. Le lac devient l’espace d’un rêve, une piscine réfléchissante – la texture fongique et baveuse de sa dernière partie fait d’ailleurs songer à la Reflecting Pool de Bill Viola ; un lieu incommensurable dans les profondeurs desquelles sont engloutis des villes, des mémoires et des vies entières.

Antoine Thirion


Lire l’entretien avec Dane Komljen

Dane Komljen

Dane Komljen, né en 1986 à Banja Luka, SFR Yougoslavie. Il a étudié le cinéma et l’art. Son premier long métrage, All the Citites of the North, a été présenté en 2016. Afterwater est son deuxième long métrage. Il travaille et vit à Berlin.

Production :
Flaneur Films
Image :
Jenny Lou Ziegel
Son :
Johannes Schmelzer-Ziringer, Jordi Ribas
Montage :
Dane Komljen
Contact copie :
zsuzsanna@flaneur-films.com

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