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Al Rajol Zou Anna’l Azzahabi

Omar Amiralay
2000 Syrie 55 minutes Arabe

Rencontre entre « un cinéaste qui se cache derrière sa caméra et un homme qui accepte de se livrer devant l’objectif ». Cette année-là , Rafiq Hariri était le leader de l’opposition libanaise après avoir été Premier ministre. Sauveur du pays pour certains, fossoyeur pour d’autres, l’homme d’affaires, gérant d’un empire immobilier à  travers sa société Solidere, qui participait activement à  la reconstruction de Beyrouth, incarnait l’homme de pouvoir par excellence. Les amis du cinéaste lui reprochent de s’être laissé charmer, et sa mère l’avait mis en garde, mais le jeu est tentant, et le cinéaste est pris au piège de son personnage : il met alors en scène les mésaventures qui guettent l’intellectuel critique, la force et le charisme du personnage et les paradoxes du documentaire. Erwan Higuinen, Le capitalisme dans tous ses états, Cahiers du Cinéma, n° 556, avril 2001. « Cette fois, je voulais me mettre à  l’épreuve, me mouiller vraiment, sans me cacher derrière la caméra. Je ne voulais pas avoir ce rapport avec un homme de pouvoir. Je voulais vraiment mettre à  l’épreuve mes capacités humaines et non artistiques, c’est-à -dire mes capacités intellectuelles. Comme dans un duel, j’ai voulu voir qui gagnerait la partie. Je m’attendais à  être charmé par Rafiq Hariri. […] II a très bien compris où je me situais politiquement: du coup, il a adopté le rôle de quelqu’un de gauche, engagé pour la cause des hommes. II réfutait tous mes arguments et, petit à  petit, je me suis senti inextricablement pris au piège. J’aurais très bien pu ne pas avouer cette réalité au montage. J’aurais pu tourner des choses qui auraient suffit pour le dénoncer ou pour le condamner en tant qu’homme de pouvoir. Mais j’ai voulu aller jusqu’au bout de ma démarche et avouer que, quand l’intellectuel ou le cinéaste lâche ses armes, il perd contre l’homme de pouvoir. II va jusqu’à  perdre son titre de cinéaste. Pourtant, le film a fini par être un jeu, pour moi. Un jeu autour de la problématique que peut susciter un rapport franc, transparent entre un auteur et un homme de pouvoir et d’argent. » Entretien avec Omar Amiralay, in Hors Champ, Lussas, Etats généraux du documentaire, 2001

Omar Amiralay

Né à Damas en 1944, décédé à Damas en 2011.
De 1965 à 1970, formation dans le théâtre et le cinéma à Paris. De 1970 à 1980, il réalise en Syrie un Film-essai sur l’Euphrate, La vie quotidienne dans un village syrien, Les poules, A propos d’une révolution. Depuis 1981, il tourne pour les chaînes de télévision françaises les films suivants : Le malheur des uns…, Benazir Bhutto La Sept, Un parfum de paradis, Le sarcophage de l’amour,Vidéo sur sable, L’ennemi intime, La dame de Shibam (TF1), A l’attention de Madame le Premier Ministre (TF1 – La Sept). Il retourne par la suite travailler en Syrie.

Production :
Amip; Maram CTV; Arte France
Montage :
Chantal Piquet
Son :
Emile Saadé
Photo :
Hanna Ward

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