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Armour

Sandro Aguilar
2020 Portugal, Canada 30 min

Le père d’Hector, qui souffrait d’une maladie, est mort. Sa compagne l’a quitté pour un autre homme, plus âgé que lui, et elle est retournée chez ses parents en emmenant avec elle leur fils de 11 ans afin que celui-ci rencontre son nouveau père. Hector boit jusqu’à l’ivresse. Il se trouve qu’il porte une armure de cavalerie légère empruntée à un ami infirmier. Dans la ville, la fête médiévale bat son plein.

Hector se retrouve seul, en deuil de son père et en manque de son fils embarqué par son ex-compagne. C’est ce que nous expose un carton introductif à l’errance que sera Armour, chemin volute dans des villes de l’Est québécois et leurs environs, au bord du fleuve Saint-Laurent. Sandro Aguilar saisit avec une grâce inouïe un monde sublimement banal : les pavillons des banlieues monotones à la tombée de la nuit, les forêts qui se réveillent, les nuits bleues, les ruisseaux sous les ponts et les gens qui passent. D’où viennent ces figurants des villes ordinaires ? A qui écrivent-ils ? Sont-ils en colère, ivres ou apaisés ? Par des indications de lieux inscrites à l’écran, le film imagine furtivement leurs histoires. Mais ce voyage qui se dessine plan par plan, est-ce celui d’Hector ? Les indications égarent plus qu’elles ne guident et nous engagent dans un énigmatique journal filmé. Que peut-il bien nous raconter d’Hector ? Est-ce son environnement qui s’étend ? Celui qui l’a rendu tel qu’il est ? Ou est-ce l’itinéraire de son regard flottant ? Une voiture solitaire sort de la forêt à l’aube, des cabines téléphoniques s’animent, soudain un suspense inquiétant vient se nicher dans l’ennui. Et toute cette douceur triste semble nous dire qu’Hector va exploser. Malgré les banlieues nues et sans apprêts symptomatiques d’un monde tenu, sous l’armure (armour) qui déambule, un grand feu désenchanté mène à un désastre imminent. Armour est un pays étrange, dans un temps suspendu, où s’est perdu un homme.

Clémence Arrivé

Sandro Aguilar

Né en 1974 au Portugal, Sandor Aguilar a étudié le cinéma à l’Escola Superior de Teatro e Cinema. En 1998, il a fondé la maison de production O Som e a Fúria. Son œuvre a été primée à des festivals tels que La Biennale de Venise, les festivals de Gijón, d’Oberhausen et de Vila do Conde, et a été projetée à Turin, Belfort, Montréal, Clermont-Ferrand, entre autres villes. Des rétrospectives de son œuvre ont été organisées au FIF de Rotterdam et au BAFICI.

Production :
Sandro Aguilar, Luis Urbano (O Som e a Fúria), Valérie Mongrain (Paraloeil)
Image, montage :
Sandro Aguilar
Son :
Robin Servant, Nicolas Lachapelle

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