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ATLAS

Antoine d’Agata
2013 France 78 min Langues : plus de 10 langues différentes

Un homme sans attaches, rescapé d’un long périple, collecte des morceaux épars d’une identité atomisée comme les territoires qu’il parcourt. Il s’épuise dans l’étrangeté de signes, de lieux, de langues insondables. Il n’y a pas de dieu ou d’indulgence dans ses nuits, mais l’acceptation qu’il n’y a que la chair.

« L’image, mieux que tout autre chose, probablement, manifeste cet état de survivance qui appartient, ni à la vie tout à fait, ni à la mort tout à fait, mais à un genre d’état aussi paradoxal que celui des spectres, qui, sans relâche, mettent du dedans notre mémoire en mouvement. » (Jullien, 2001, p. 16) Une mémoire enfouie, occultée. Les images d’Antoine d’Agata remuent, bousculent, s’immiscent dans les consciences. Les délogent de leurs abris. Les mettent à nu. Les images viennent et reviennent. Portées par un entre. De vie, de mort. Suivre les images. Regarder, voir. Et sentir ses nerfs à vif.

Le geste D’Agata se tient dans l’expérience. Expérience d’un face à face. À lui-même. Aux autres dans un « rapport intense, intime, compliqué, parfois douloureux »[17] Aux lieux hors de toute géographie. Qui se répondent, se fondent, se confondent. Aux marges, toujours aux marges. Pouls révulsé d’une réalité violente. Le geste D’Agata est politique. C’est un acte. Une césure dans le flux du réel. Les images, des extractions. De situations, de paroles. Plaquées, là. Contre le regard. Qui créent du trouble. Subversion par l’image. Le geste d’Agata prend l’art à rebours. « Seuls mes actes peuvent engendrer un art pur. » (D’Agata & Delory-Momberger, 2008, p. 70) Échapper à la logique imposée par les médias et les structures économiques de la société. Déconstruire toute esthétisation qui forcément arrive. Un tract posé sur le sol de l’installation Anticorps dit : « N’est valide qu’un art nuisible, subversif, asocial, athéiste, érotique et immoral, antidote à l’infection spectaculaire qui neutralise les esprits et distille la mort. »

Christine Delory-Momberger (Exister/s. Résister. Le geste d’Agata. Dans Le sujet dans la cité 2015/1 (Actuels N° 4)

[17] Barbara Levendangeur (2013). Atlas + Odysseia. Entretien avec Antoine d’Agata. Le blog documentaire. http://cinemadocumentaire.wordpress.com

Antoine d’Agata

Antoine d’Agata, né à Marseille en 1961, quitte la France en 1983 pour une dizaine d’années. Alors qu’il séjourne à New York en 1990, il s’inscrit à l’International Centre of Photography où il suit notamment les cours de Larry Clark et de Nan Goldin. En 1993, il revient en France et interrompt son travail de photographe durant quatre ans. En 1998 paraissent ses premiers ouvrages, De Mala Muerte et De Mala Noche. L’année suivante, il rejoint la galerie Vu à peine créée par Christian Caujolle.
En 2001, il reçoit le prix Niépce. En septembre 2003 est inaugurée à Paris l’exposition 1001 Nuits, qu’accompagne la sortie de deux ouvrages, Vortex et Insomnia. En 2004, il intègre l’agence Magnum, publie son cinquième livre, Stigma, et tourne son premier court-métrage, El Cielo del muerto. L’année suivante paraît Manifeste. En 2006, le photographe tourne son deuxième film, Aka Ana, à Tokyo. Depuis 2005, sans port d’attaches, Antoine D’Agata photographie à travers le monde.

Production :
Norte Productions (Valentina Novati)
Image :
Antoine d' Agata
Son :
Gilles Bénardeau
Montage :
Dounia Sichov
Contact copie :
Norte Distribution - distribution@norte.fr

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