Buongiorno, Notte
En ce début d’année 1978, un faux jeune couple italien s’est installé dans un nouvel appartement qui leur servira en fait de siège pour leur organisation terroriste, les Brigades Rouges. Aldo Moro, chef de file de la Démocratie Chrétienne, est enlevé lors d’un attentat particulièrement sanglant puis séquestré dans une petite pièce aveugle attenante à l’appartement. Dès lors, le film se transforme en un huis clos oppressant et fascinant durant lequel Chiara, seule femme du groupe de révolutionnaires, va se laisser happer par le doute et la culpabilité. Il faut dire que la jeune femme a toutes les raisons de souffrir de cet isolement physique et idéologique. Seule intégrée au monde extérieur durant la prise d’otage, elle est le seul témoin de l’indignation de la population italienne qui refuse de comprendre le sens d’une telle manœuvre. Elle se questionne alors sur le sens de ces actes violents revendicatifs qui ne pourraient servir qu’eux-mêmes, s’inscrivant dans une autre réalité trop schématique de l’Italie : l’opposition radicale entre petits prolétaires et grands bourgeois. Ces images de policiers sacrifiés et froidement abattus, martelées par les médias, lui apportent peu à peu le contrepoint de vue d’une opinion publique qui se refuse à les glorifier dans leur mouvement contestataire.
[…] Les motivations de Chiara se transforment et son obsession se porte dès lors vers la libération d’Aldo Moro sans trahir ses compagnons de combat. Toute l’ambivalence de l’investissement est là : comment s’investir dans une mouvance idéologique tout en respectant son individualité ?
Clément Graminiès (Critikat.com, décembre 2004)
Marco Bellocchio, Sergio Pelone (Filmalbatros)
Marco Bellocchio Daniela Ceselli, d’après le livre de Anna Laura Braghetti et Paola Tavella
Pasquale Mari
Gaetano Carito
Francesca Calvelli
Riccardo Giagni
Maya Sansa, Luigi Lo Cascio, Roberto Herlitzka, Paolo Briguglia
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