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COCONUT HEAD GENERATION

Alain Kassanda
2023 France, Nigeria 89 min Langues : anglais, yorouba

Tous les jeudis un groupe d’étudiants de l’université d’Ibadan, la plus ancienne du Nigeria, organise un ciné-club, transformant un petit amphithéâtre en une agora politique où s’affine le regard et s’élabore une parole critique.


Tous les jeudis soirs, l’Université d’Ibadan, grande ville du sud-ouest du Nigeria, abrite un ciné-club. Un lieu safe, où les étudiants et les étudiantes visionnent des films qu’ils prennent le temps de discuter. Dans ce ciné-club sont projetés des films pour parler intersectionnalité, décolonisation, luttes féministes, luttes LGBT, minorités ethniques du pays, droits des étudiants ou élections. Un lieu pour permettre à ces jeunes gens qu’on associe à la « Coconut Head Generation » d’affronter le monde et la société nigériane. Cette expression méprisante qui qualifie la jeunesse de paresseuse et abrutie, les étudiants se l’approprient en la détournant afin d’en faire une force et de revendiquer leur intelligence critique. Au gré des séances, de débats houleux en discours éloquents, les étudiants apprennent à se situer, à marquer leurs différences et à penser ensemble. La salle de cinéma devient un lieu d’éducation autogéré où l’on apprend à lutter et à s’organiser. D’abord très intérieur ­– l’université, la salle de cinéma –, le film s’ouvre quand le réel rattrape le cinéaste et les étudiants au travail. Alain Kassanda suit les révoltes étudiantes d’octobre 2020 qui éclatent contre les violences policières et les abus de la Special Anti-Robbery Squad, une unité de police anti-vol (#EndSARS). Alors que les étudiants regardent des films de Med Hondo, de Mahamat Saleh Haroun ou de John Akomfrah, ils deviennent les personnages d’un film de lutte. Le film les regarde s’ouvrir au réel et devenir les acteurs et les actrices d’un changement. Face au monde qui se transforme trop lentement, face à son histoire et ses violences, teacher, don’t teach me nonsense.

Clémence Arrivé

Lire aussi l’entretien avec Alain Kassanda


Alain Kassanda

Alain Kassanda, natif de Kinshasa, a quitté la RDC pour la France à l’âge de 11 ans. Après des études de communication, il se lance dans l’organisation de cycles de projections de films dans différents cinémas parisiens. Il devient ensuite programmateur des 39 Marches, une salle de cinéma d’art et d’essai en banlieue parisienne, durant cinq ans, avant de s’installer à Ibadan, au sud-ouest du Nigéria, de 2015 à 2019.
Il y réalise Trouble Sleep, un moyen métrage centré sur l’univers de la route. Le film a reçu le Golden Dove du meilleur court métrage au festival Dok Leipzig en 2020 et la mention spéciale du jury au festival Visions du réel. S’en suit Colette et Justin, un long métrage entremêlant récit familial et histoire de la décolonisation du Congo, sélectionné en compétition internationale à Idfa en 2022. Coconut Head Génération est son troisième film.

Production :
Ajímátí Films (Alain Kassanda)
Image :
Alain Kassanda, Tobi Akinde
Son :
Alain Kassanda
Montage :
Alain Kassanda
Musique :
Jr EaKEe
Contact copie :
Ajímátí Films - contact@ajimatifilms.com

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