Corleone, le parrain des parrains
Salvatore Riina, dit Totò Riina (1930-2017), dont l’ascension prodigieuse et la chute racontent un pan d’histoire mafieuse, dans une Sicile où ce petit paysan conquit avec autant d’instinct que de cruauté un immense pouvoir en semant la terreur jusque dans ses rangs. « Lisant tout ce que je trouvais sur lui, je n’arrivais pas à me défaire de l’image d’un Richard III auquel il ne manquerait que la bosse. Pour arriver au sommet de Cosa Nostra et pour s’y maintenir, il a osé s’attaquer frontalement aux représentants de l’Etat, et n’a pas plus hésité à faire exécuter ses propres tueurs quand il sentait de leur part une menace pour ses intérêts.» […]
« J’ai feuilleté les journaux de l’époque à l’Institut Gramsci, se souvient-il. J’ai été autorisé à consulter les photographies de l’identité judiciaire, qui permettent de mesurer la férocité des crimes commis. »
[Le film] donne enfin la parole à de nombreux repentis, dont les récits et les réflexions ancrent le film dans une réalité humaine formidablement éclairante. « Pour les rencontrer, explique-t-il, on s’adresse à un service qui connaît leur adresse, leur nouvelle identité et qui leur verse un revenu en échange duquel les tribunaux peuvent les convoquer à tout moment pour obtenir un éclaircissement sur tel ou tel point de tel ou tel dossier. […] Si le repenti acceptait de me voir, on me donnait rendez-vous dans un lieu précis, où des policiers me prenaient en charge pour me conduire dans un appartement où attendait le repenti — quand il n’était pas en prison, auquel cas je le filmais au parloir. »
[…] « Comment est-ce possible que personne n’ait compris que Totò Riina agissait dans son seul intérêt ? » s’interroge aujourd’hui Giuseppe Marchese, qui fut l’un de ses tueurs et qui, comme tant d’autres, lui obéissait aveuglément.
François Ekchajzer (Télérama, 9 novembre 2018)
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