Aller au contenu

Die Macht der Gefühle

Alexander Kluge
1983 Allemagne 115 minutes Allemand

Scènes de fiction, archives et sons, extraits de films anciens… plus de vingt histoires où s’affirme le pouvoir des sentiments dans la ville glacée et distante (Francfort). L’opéra exprime la dimension utopique des sentiments. « Le titre du film est à  prendre à  la lettre. Il s’agit bien pour Kluge de faire la généalogie des sentiments (XIXe et XXe siècles). Opération qu’il mène de façon musilo-brechtienne, à  force de collages, d’aphorismes et de saynètes, en prenant les sentiments comme des objets et l’Opéra comme l’usine qui, historiquement, a fabriqué cet objet en gros. Car les sentiments, mine de rien, sont au cinéma des objets récalcitrants parce que durables et que le cinéma est toujours aussi versatile et plus changeant. Intelligent, Kluge étudie les sentiments comme un physicien poète. Il teste leur durabilité et il guette leur explosion. Or, l’explosion des sentiments est toujours une énigme. On le voit bien dans le fait divers, les livrets d’opéra ou les extases silencieuses du cinéma muet. Là, Kluge est à  la fois scientifique, philosophe et – raisonnablement – poète. Son film ressemble au divertissement d’un prof euphorique devant une classe médusée mais somme toute heureuse. […] Avec la Force des sentiments, c’est une certaine Allemagne qui revient : celle de Lichtenberg et de Musil, l’Allemagne ironique, coupante, dure à  duper. Le film, on l’aura compris, est irracontable. Mais c’est parce qu’il est fait d’une myriade de récits. Il est irrésumable, puisqu’il ne cesse de se résumer en cours de route. Mais il est somptueux, sérieux, et drôle. » Serge Daney, La Maison cinéma et Le monde 2 – Les années Libé 1 (1981-1985), P.O.L., 2002

Production :
Kairos-Film
Montage :
Beate Mainka-Jellinghaus; Carola Mai
Son :
Olaf Reinke; Karl-Walter Tietze
Photo :
Thomas Mauch; Werner Lüring

Dans la même section