Dumnezeu la saxofon, dracu la vioara

A Gura Ocnitei, dans un coin oublié quelque part entre Bucarest et le sud des Carpathes, quelque 300 personnes vivent depuis quinze ou vingt ans en moyenne dans un hôpital psychiatrique dont la plupart ne sortiront jamais. L’administration ne propose aucune forme de thérapie ou d’occupation, à  part la distribution de neuroleptiques obligatoires, et il semble que la réinsertion des malades ne constitue pas un but en soi. La caméra prend la place d’un pensionnaire, et tente de raconter de l’intérieur la monotonie quotidienne, les petits gestes de la lutte pour la survie. Contempler la pesanteur des murs, des dortoirs et corridors, entendre les mêmes grincements de porte, les perpétuels cris du personnel, percevoir le vide intérieur des êtres seuls entourés de murs d’hommes. Savoir qu’il n’existe pas d’issue, et chanter. Une histoire sans fin, perçue comme seule normalité, située en dehors du temps et de l’espace réels. Et pourtant c’est à  petite échelle l’histoire de la Roumanie d’aujourd’hui.