Aller au contenu

Faraway My Shadow Wandered

Liao Jiekai
Sudhee Liao
2020 Singapour, Taiwan, Japon 70 min

Enfant, Junya avait promis à son grand-père maternel de reprendre le sanctuaire shinto familial. Finalement, cela n’a pas été possible en raison d’un nom de famille différent, et parce qu’il s’était brouillé avec les membres de sa famille. Pour fuir ces tensions, Junya est parti à l’étranger réaliser d’autres rêves et a pris ses distances avec sa ville natale. Un jour qu’il travaille dans un izakaya, il rencontre une étrangère à la recherche d’une nouvelle chorégraphie. Ensemble, ils retournent dans la ville natale de Junya pour faire le deuil d’une promesse qu’il ne pouvait tenir.

© Cinemovement

Junya commence le film endormi, et il s’en faut de peu qu’il n’y ait à voir ici qu’un rêve. Rêve enneigé et balnéaire, doux mais tourmenté, tendu vers le pays d’enfance où tous les rêves, toujours, nous ramènent. Anamizu est ce pays, sur la péninsule de Noto, où Junya a grandi et retourne aujourd’hui pour quelques jours, partagé entre les effluves bienveillantes du souvenir et celles, coupables, du regret. Car le plus lancinant de ses souvenirs est une promesse non tenue : en fuyant Anamizu pour suivre ses rêves d’adulte, Junya a tourné le dos au vœu de son grand-père, qui le voyait hériter du temple shintô dont sa famille avait la charge. Peut-être, alors, l’ombre évoquée par le titre est-elle le Junya de cette vie non vécue, son frère de songe dont il s’agit à Anamizu de suivre les pas de fantôme. À moins que cette ombre errante, ce ne soit plutôt Sara, l’étrangère venue là (sur la péninsule, mais aussi bien : dans le film) pour danser. Sara est née le même jour que Junya, et c’est suffisant pour une rencontre, suffisant pour l’accompagner dans son voyage à rebrousse-temps, et pour dessiner dans ses gestes amples et gracieux, parmi les pierres et l’écume d’Anamizu, tout ce que le lunaire et discret Junya se retient de formuler. Entre la chorégraphie et les confidences muettes du paysage, Faraway My Shadow Wandered dessine le portrait poignant d’un enfant adulte qui cherche à comprendre pourquoi « les hirondelles finissent toujours par revenir à leur nid. »

Jérôme Momcilovic

Production :
Cinemovement, Potocol (Elysa Wendi, Jeremy Chua)
Image :
Shaun Neo
Son :
Lin Hsin Ru
Montage :
Chen Zhang Yun
Musique originale :
Jo Keita

Dans la même section