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Fêtes de Belgique

Henri Storck
1972 Belgique 120 minutes indéterminé

10 courts métrages “à  la mémoire de James Ensor et de Michel de Ghelderolde” « … La Fête – qu’on l’ appelle divertissement ou réjouissance – donne forme et vie à  un désir de joie vital. Elle se prépare minutieusement, dans un état de bonheur qui anticipe le plaisir auquel elle va donner naissance. C’est un rêve que les dormeurs éveillés vivent en commun, une complicité qui ouvre les vannes à  des flots de sympathie. Si l’on n’a pas la grâce, il est vain de vouloir s’y mêler. Comment filmer un rêve organisé dont l’intensité ne se manifeste qu’à  l’intérieur de chacun des participants ? Heureusement, les acteurs de la fête sont en représentation. Il y a spectacle, donc images. Il y a plaisir de cinéaste à  surprendre les traces du délire, de l’excessif, à  pêcher, comme des perles, ces gestes inventifs, car la fête est souvent création ininterrompue, improvisation mirobolante. L’imagination se met à  briller. Pour extérioriser leur bonheur, les gens en font ce spectacle de gestes, de paroles, de chants, de cris et de mélopées qui sont le pain du cinéaste. Selon sa sensibilité, son regard cruel, ironique, attendri ou chaleureux, il piquera dans cette matière les instants furtifs comme le chasseur de papillons constitue sa collection. Capter le fugace, quel résultat ! La caméra en savoure le plaisir orgueilleux. L’objectif, ce gros oeil gourmand, rayonne de volupté voyeurique car, dans tout spectacle, il y a exhibition. Le micro, titillé, frétille au rythme de la fête. Emporté par ce rythme, l’un des participants ose enfin se dépasser, se mettre à  nu. C’est cet instant qui fascine car il dénude un fragment de vérité humaine. Le cinéaste reste en dehors de la fête mais ne lui reste pas étranger. Pour la bien filmer, il doit entrer dans son jeu. La chance y aide et la mobilité, surtout la préparation. Il faut avoir des notions précises de ce qui va se passer. Au mieux, il faut l’avoir vécu auparavant et, au moment du montage, en revivre les émotions. Finalement, il vaut mieux que le film ait un petit air de fête, lui aussi. Si l’on s’avisait de tomber dans la perversion consistant à  être sinistre par esprit de sérieux, ce ne serait pas sérieux du tout… » Henri Storck

Production :
Films Henri Storck
Distribution :
Fonds Henri Storck

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