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FREIZEIT or: the opposite of doing nothing

FREIZEIT ODER: DAS GEGENTEIL VON NICHTSTUN
Caroline Pitzen
2021 Allemagne 71 min

Berlin, été 2018. Ils ont 17 ans. Le quartier multiculturel où ils ont grandi n’est plus qu’un grand site en construction, où les habitants doivent céder leur place aux rêves d’autres personnes. Ils errent dans la ville et se demandent comment des gens pourront vivre dans cette ville à l’avenir. Ils discutent de tout : du sexisme quotidien, de notre responsabilité individuelle dans le système où l’on vit… Bien que le monde n’évolue pas comme il le devrait, ils gardent néanmoins la foi.

© OKNO and Markus Koob

Le premier long métrage de Caroline Pitzen débute par un prologue sur le plateau du talk-show autrichien Club2 : une question y est posée à l’auteur queer Ronald M. Schernikau sur une phrase de son roman Kleinstadtnovelle, écrit à l’âge de 18 ans alors qu’il était encore au lycée, treize ans avant sa mort des suites du Sida. Selon Schernikau, non seulement les espaces de constitution politique disponibles à la jeunesse ne sont pas écoutés, mais cette surdité des élites se vérifie à tous les stades de la démocratie ; tout porterait donc à croire qu’il n’y a pas d’autre possibilité, durant son temps libre, que de ne rien faire – variante de la propagande économique bien connue. À l’inverse, Pitzen défend l’idée selon laquelle il n’y a de politique révolutionnaire que dans le loisir. FREIZEIT or: the opposite of doing nothing suit aujourd’hui cinq jeunes berlinois dans un temps libre consacré à des discussions informelles, des lectures de livres et d’articles (Theobald Tiger, Marx, Engels…), des visionnages de films communistes d’avant-guerre (Kuhle Wampe, 1930, réalisé par Slatan Dudow et écrit par Bertolt Brecht), et à l’invention collective de modes d’action politique dans un ancien quartier de l’Est aujourd’hui en proie à une gentrification délétère. C’est la matière dense et néanmoins aérée, à la fois positive et inquiète d’un film qui, faisant à bien des égards écho aux Hommes le dimanche (1930) de Siodmak, Ulmer et Wilder, travaille le réel avec la persévérance d’un processus de fiction, par lequel des non-acteurs se constituent en véritables sujets politiques.

Antoine Thirion

Lire l’entretien avec la réalisatrice sur le blog Mediapart de Cinéma du réel

Production :
OKNO (Caroline Pitzen, Ljupcho Temelkovski, Philipp Fröhlich)
Image :
Markus Koob
Son :
Philipp Fröhlich, SHEN Sum-Sum, Christian Obermaier, Jochen Jezussek
Montage :
Caroline Pitzen

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