Garderie nocturne
Dans un quartier populaire de Bobo-Dioulasso, chaque soir, Maman Coda accueille chez elle les enfants des prostituées. Les jeunes femmes déambulent ensuite au «Black», une ruelle très animée du centre-ville, jusqu’au lever du jour, lorsqu’elles viennent récupérer leurs enfants.
Maman Coda, elle, est fatiguée. Elle a plus de 80 ans. Elle somnole sous sa moustiquaire quand les enfants veulent bien dormir. Elle ne prend plus les enfants turbulents. «Ils vont à côté». Son visage, son regard parlent. Elle ne juge pas, elle fait son job. «Les gens nous jugent facilement, sans chercher à nous comprendre», dit une femme. L’enjeu du film est là : déconstruire le préjugé. Cela suppose de laisser la réalité parler par elle-même. Et donc une distance : ni commentaire ni musique, seulement les bruits de la rue, des enfants, des motos… La nuit, les lumières sont celles des néons dans les intérieurs, des rares éclairages dans les rues. Ce n’est pas un point de vue, c’est une position : être là, souvent, pour que se crée une habitude de la caméra, sans intervenir mais en étant à disposition. Le réalisateur est ainsi un interlocuteur, pris à témoin lorsqu’émerge un conflit.
Olivier Barlet
(Africultures.com)
Les Films du Djadjabah, Vrai Vrai Films, Blinker Filmproduktion
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François Sculier
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