La Pluie et le beau temps
Le savoir-faire de la culture du lin propre au Pays de Caux produit près de la moitié du lin mondial pour un unique client, la Chine. Entre Trouville et l’Orient, comment une culture moribonde renaît-elle grâce à une mondialisation qui pourrait l’achever pour de bon ? Attentive au passage des saisons et aux lumières subtiles du lieu, Ariane Doublet capte l’attention portée à la plante aux deux bouts de la chaîne : d’un côté, la science du temps qu’il fait, la tige de lin auscultée sur pied pour déterminer sa qualité future selon le climat. De l’autre, la vérification tout aussi minutieuse de la filasse par les acheteurs chinois venus inspecter les récoltes. A son récit de négociations parfois tendues entre producteurs et acheteurs, Doublet entrelace les images que le cinéaste Wen Hai lui a envoyées d’une grande usine de filature en Chine. Là , l’échelle change. Dans de beaux plans de la cantine, uniformes rouges et chaises bleues offrent une bichromie harmonieuse à l’œil mais inquiétante d’uniformité. Pourtant, La Pluie et le beau temps se garde d’opposer une agriculture traditionnelle (d’ailleurs très intéressée par les OGM) à une production de masse en Chine. Les entretiens de Wen Hai avec de jeunes ouvriers réintroduisent de l’intime : quand la télévision d’un dortoir annonce une inondation à l’autre bout du pays, les visages inquiets rappellent que tous, ici, ont parcouru des milliers de kilomètres pour travailler : la mondialisation commence à l’intérieur… (Charlotte Garson)
Quark Productions
Marie-Julie Maille
Philippe Welsh; Graciela Barrault; Philippe Lecoeur
Ariane Doublet; Wen Hai
Ariane Doublet