Le Camp
« Rapatriement impossible, intégration utopique, la réinstallation s’impose » : à peine apposé sur un tee-shirt, le slogan se perd dans ce lieu désormais abandonné par l’UNHCR. On pourrait trouver mal placée la pudeur qui pousse les habitants du camp de réfugiés d’Agamé, au Bénin, à appeler celui-ci « le site ». mais il est vrai qu’aucun des éléments archétypaux d’un camp n’est visible ici, si ce n’est une tente remplie de vieilles affaires qu’un homme trie, conservant ce qui peut encore servir. Parfois le rythme de la caméra semble témoigner de l’hésitation du cinéaste à cadrer un palmier, une allée bien balayée, comme s’il fallait plutôt chercher trace du sang versé. C’est de ce fossé entre un passé violent (qui ressurgit dans les récits) et un avenir bâti à mains nues que le film trouve sa singularité. Suivant un homme qui construit un mur, une femme qui va chercher de l’eau ou un paysan qui sème et arrose avec une ardente patience, Le Camp montre que la résilience passe par la maîtrise structurante de l’environnement : ici, le geste répété ne verse pas dans l’aliénation machinique, il fabrique de la permanence. Transforme le refuge en maison.
Michigan Films; Rien à Voir Production; CBA - Centre de l'Audiovisuel à Bruxelles
Frédéric Fichefet; Philippe Fontaine
Jean-Frédéric De Hasque
Jean-Frédéric De Hasque
Rien à Voir Production