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Le Tombeau de Kafka

Jean-Claude Rousseau
2022 France 14 min

“Il ne faut pas quitter la chambre. Reste assis à ta table, et écoute. Tu n’as même pas à écouter, attends simplement. Tu n’as même pas à attendre, apprends juste à rester tranquille, calme et solitaire. Le monde s’offrira alors à toi et te proposera de le démasquer. Il n’aura pas le choix : il roulera en extase à tes pieds.” Franz Kafka

Les quelques mots de Kafka choisis par Jean-Claude Rousseau en guise d’introduction à son dernier film semblent en dérouler le programme : « Il ne faut pas quitter la chambre. Reste assis à ta table et écoute. Tu n’as même pas à écouter, attends simplement. Tu n’as même pas à attendre, apprends juste à rester tranquille, calme et solitaire. Le monde s’offrira alors à toi, et te proposera de le démasquer. Il n’aura pas le choix : il roulera en extase à tes pieds. » On croirait entendre le conseil du cinéaste à un jeune réalisateur. Tourné dans une chambre d’hôtel de Prague avec, pour la première fois, un téléphone, Le Tombeau de Kafka voit le cinéaste s’affairer autour d’un bureau. Il ouvre les stores, puis les fenêtres, c’est l’été, il sort du plan, s’assied dans un fauteuil, ne tient jamais longtemps en place. Les plans brefs, régulièrement fondus au noir, démultiplient les jours et les humeurs, alternant fenêtres ouvertes et fermées dans un remue-ménage qu’accusent les mises au point intempestives de l’appareil photo. Finalement, vient le moment de s’asseoir à sa table. De lire, ou simplement d’inspecter le meuble, sa surface sur laquelle une guêpe est venue mourir, son tiroir dont il sort une petite tasse en porcelaine. Des fragments d’un sous-bois japonais s’insèrent à la place des écrans de fortune qu’offrent les stores de la chambre, et c’est un petit bestiaire kafkaïen qui se met en place, la petite fable d’un monde en extase dont la porcelaine livrera le secret.

Antoine Thirion


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Jean-Claude Rousseau

Jean-Claude Rousseau, né à Paris, vit à New York dans les années 70. Il y découvre le cinéma d’avant garde en même temps que les films d’Ozu. En 1980 il termine l’écriture d’un scénario, Le Concert champêtre, et réalise ses premiers films. Après Les Antiquités de Rome, La Vallée close est son deuxième long métrage. Sélectionné par le festival de Locarno, il obtient le grand prix du documentaire à Belfort en 1999. En 2001 un hommage lui est rendu à la Mostra de Venise, suivi d’une rétrospective au festival de Jeonju. De son appartement reçoit le Grand Prix de la compétition internationale au FIDMarseille en 2007. La même année, la Villa Medicis l’accueille à Rome pour un programme complet de ses films. Son film Un monde flottant est sélectionné en 2021 à Cinéma du réel.

Producteur, Scénario, Image, Son, Montage :
Jean-Claude Rousseau
Contact copie :
jeanclauderousseau@laposte.net

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