Lecciones para una guerra
Trente ans que les peuples Ixil et Quiché ont pris le chemin des montagnes pour échapper aux exactions de l’armée guatémaltèque. Dans le prologue de Lecciones para una guerra, un père fait creuser l’endroit où ses enfants ont été tués. Le soupçon que les dépouilles ont été volées souligne l’impossible raccord entre un passé hâté par l’exode et un futur tendu vers le prochain combat. Juan Manuel Sepúlveda ne parle pas la langue de ceux qu’il filme, et son interprète ne traduit que dans l’après-coup de l’enregistrement. Pourtant, il capte avec une justesse confondante l’intuition qui traverse cette communauté en apparence absorbée par de paisibles tâches. « Quelque chose se prépare… On va s’entretuer ». Rendus méfiants par leurs prémonitions, les anciens vont jusqu’à soupçonner l’équipe du film. Au gré de séquences ancrées dans le quotidien, le cinéaste accepte et accueille leur distance plutôt que de la combattre. Ce faisant, il pose son film en lieu ouvert où une mémoire collective qui n’est pas la sienne peut s’élaborer. Et prendre, comme un feu. « Je pensais ne jamais revoir le feu, se souvient un habitant. Pendant la guerre, il avait disparu. »
Foprocine; Fragua Cine
Jose Romel Tuñón
Juan Manuel Sepúlveda