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Les Maisons de la misère

Henri Storck
1937 Belgique 30 minutes Français

« On crève de froid, de faim et de misère. Le ciel est lourd sous la charpente à jour. Dans ce wagon nous dormons nuit et jour. Avec les poux, la rage et la poussière. Comment dormir quand la pluie nous inonde. Mes pauvres frères d’un autre bout du monde. Jetterons-nous au rang des souvenirs. La boue, la crasse, la fiente et les ordures. L’enfant qui dort au cœur des pourritures. L’injure, l’inceste et l’amour sans plaisir. La maladie qui nous rongeait le cœur. A nous ! A nous ! Pauvres enfants des noirs malheurs. Chœur parlé du générique « …Les maisons de la misère est un film sur le logement en Belgique. Plus de 2 1/2 de ses trois bobines constituent la peinture la plus violente, la plus dévastatrice de l’horreur des taudis que j’ai jamais réalisée au cinéma. Rien dans les films anglais ou américains sur des sujets voisins ne peut se comparer à l’intelligence, à  la sensibilité, à la générosité que l’auteur de ce film a su apporter à  sa tâche. Car il a su voir et mettre en scène, non seulement l’immondice des taudis, l’inhumaine condition de vie dans ces rues de cité industrielle, mais aussi « révélé » le peuple, ce peuple qui assume cette horreur quotidienne avec un sens profond de sa dignité et de sa valeur… » Paul Strand « …Storck a apporté à  la création de ce film tant d’humanité profonde, un sens si aigu de la justice sociale, une connaissance tellement approfondie de son sujet , une si large mesure de qualités artistiques et techniques, des dons à  la fois d’intelligence, d’émotion et d’intuition si riches, que l’effet sur le spectateur est d’une force convaincante absolue : il lui sera impossible, désormais, de supporter encore, sans malaise, l’idée qu’au sein du système social auquel il s’intègre, existe ce fléau dont il sait maintenant combien il est inhumain, abject et meurtrier : le taudis… Et voilà  pour Storck, ami des hommes, la plus belle des récompenses… » Luc Haesaerts « …Le tempérament d’Henri Storck ne le porte pas à  l’action politique. Il choisit d’être témoin révolté et lucide. Il décrit en 1937 les Maisons de la misère. Il confie les rôles principaux à des comédiens professionnels, et l’on voit bien que l’on ne peut enfermer Storck dans la formule « documentaire » qu’il revendique lui-même avec modestie pour caractériser la dignité d’un métier. Réformiste ou utopiste, ou simplement s’ouvrant avec générosité aux soucis du présent, comme on voudra, il soutient la campagne menée en faveur des « habitations à  bon marché » par un très officiel institut national belge – et non par des spéculateurs qui ne séviront en force que vingt plus tard. Il n’est pas inutile de rappeler ici l’impact immédiat du film. Dans un grand quotidien, le sociologue Henri Janne souligne l’effet de choc qu’il produisit sur une opinion publique indifférente à  la sinistre statistique des taudis. A cette époque, il était bien rare que le modeste complément de programme assumt une fonction dénonciatrice… » Luc de Heusch

Production :
indéterminé
Distribution :
Fonds Henri Storck
Montage :
Henri Storck
Photo :
Eli Lotar

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