Match Made
La pauvreté des paysans vietnamiens d’un côté, le dynamisme du capitalisme asiatique de l’autre, est à la source d’un commerce florissant à Ho Chi Minh Ville : les agences matrimoniales. Là, de riches Chinois de Singapour ou de Taïwan peuvent acheter la femme de leurs besoins. L’agence prend tout en main, du recrutement des filles dans les villages à l’organisation du casting dans une chambre d’hôtel, des formalités administratives à la cérémonie, de l ‘indemnisation des parents au passeport de la fraîche épousée, du certificat médical à la photo souvenir. Le film détaille dans le menu l’un de ces mariages où le souci de préserver, coûte que coûte, les apparences, transforme l’union de deux êtres pour la vie en une mascarade sinistre, où les deux époux ne peuvent communiquer que par traducteur interposé, en un simulacre glacial où le sordide le dispute au grotesque. Jadis au Viet-Nam, la belle-mère avait la délicatesse de se retirer à l’arrivée de sa bru, pour ne pas porter la poisse aux jeunes mariés. Ici, sa présence, sa maladie sont au cœur des transactions. Si dans les mariages traditionnels, les époux pouvaient ne pas se connaître, du moins ces mariages scellaient-ils une alliance entre familles. Ici, il n’y a plus que l’achat déshumanisé d’une marchandise que chacun feint d’ignorer. (Yann Lardeau)
Mirabelle Ang
Mirabelle Ang
Jerry Summers; Nathan Ruyle
Suzan E. Kim