Nieuwe gronden

“… Avant de couper avec la Hollande, j’avais un film à  terminer ou plus précisément à  transformer : Zuiderzee ; ce film sur la construction de la grande digue et l’assèchement du Zuiderzee que j’avais commencé en 1930 et dont j’avais continué le tournage au fur et à  mesure de l’avancement des travaux, s’était concrétisé par un montage d’une heure et demie qui retraçait la lutte de l’Homme et de la Mer… la première moisson était la conclusion logique de Zuiderzee… c’était le “happy end” de dix années d’efforts… Mais en dix ans le monde avait changé… en 1934 c’était la panique… les milliers d’ouvriers qui avaient travaillé sur la digue se retrouvaient au chômage. Dans les capitales, les cours du blé s’effondraient et, plutôt que de les vendre à  perte, les producteurs préféraient détruire les récoltes… … J’avais donc décidé de reprendre le montage de Zuiderzee et de le concentrer en lui donnant une autre dimension sociale et politique… c’est ainsi que Zuiderzee est devenu Nouvelle Terre, un film plus court, plus dramatique, et chargé d’une signification politique dont l’histoire me fournissait le scénario… ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase… “(Joris Ivens ou la Mémoire d’un Regard)