Nisida, grandir en prison
Nisida est le nom d’une île volcanique minuscule, d’un caillou posé dans la baie de Naples. C’est dire combien le site est magnifique. C’est aussi une bâtisse haute et épaisse avec peu d’ouvertures – une prison, un institut pénal où sont détenus une quarantaine d’adolescents. Lara Rastelli a suivi le cheminement de quatre d’entre eux, de mars 2003 à septembre 2004. Au gré des séjours, au fil du temps, une relation de confiance se tisse entre la réalisatrice et les quatre adolescents qui va faire de la caméra, pur instrument mécanique d’enregistrement, un miroir où les différentes facettes de la personnalité de Rosario, Enzo, Samir et Ali, vont se recomposer, se réunifier, un peu comme chez Bacon, des pliures, des déformations, des flous et des dédoublements des traits émerge en creux, entier et intact, le visage de l’être défiguré. Miroir, la caméra le sera aussi du propre cheminement de Lara Rastelli, entre la présentation du lieu, des activités de rééducation qui s’y déroulent, les scènes de groupe et les temps morts où le sentiment de l’ennui, cette mise entre parenthèse de la vie qu’est la prison prédomine, avant de se resserrer sur les interrogations et les doutes de chacun des garçons pris séparément. Les contraintes mêmes du tournage (l’interdiction de filmer les visages, l’obligation de ne tourner que dans les lieux publics) ont nourri l’esthétique du film et ce double mouvement initial qui la compose en obligeant la réalisatrice d’une part à faire porter des masques à ses personnages (des masques qu’ils se sont composés eux-mêmes), d’autre part à recourir à de très gros plans, à des angles inhabituels, à une fragmentation de la représentation qui est comme une transposition visuelle du morcellement intérieur dont souffrent les quatre adolescents. (Yann Lardeau)
Flight Movie
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Valérie Brégaint
Etienne Chambolle; John Caroll
Lara Rastelli