Orfeo
Un cours d’eau, la nuit. Une plage, des enfants. De jour, des passants le long d’une rivière. Un poème en trois tableaux inspiré du mythe d’Orphée et des paysages d’enfance de la cinéaste à la frontière franco-suisse.
Un cours d’eau, la nuit. Une plage, des enfants. De jour, des passants le long d’une rivière. Si chacun est libre de se laisser emporter par les mouvements et les paysages sans rechercher de signification à ce triptyque, le titre autorise aussi à y deviner une réappropriation du mythe d’Orphée par la cinéaste dans la Haute-Savoie de son enfance. Les traversées nocturnes des rives de l’Arve, au début, en seraient les Enfers. L’étrangeté d’un geste de lancer de pierre à l’envers rappelle encore le mythe, qui s’annonce à nouveau furtivement lorsque passe un chien noir. Filmant avec une caméra digitale 4K, Isabel Pagliai entre en réalité dans l’image pour la modifier, complexifiant l’impression de pure contemplation : au bord de l’eau, un travelling virtuel en camera mapping accentue la déréalisation de l’espace et du temps, et le lent zoom sur le visage de l’enfant hypnotise par l’extrême définition de l’image, qui augmente au lieu de baisser à mesure que l’on s’approche. À la fin, l’illusion de plan unique (en réalité composite) isole encore le personnage des passants en mouvement. Recomposé, ce territoire est plus que jamais celui de l’imaginaire – peut-être la quête d’une beauté entrevue sur les lieux dans l’enfance, Eurydice à jamais perdue. (Charlotte Garson)
Natalia Trebik
Mathias Bouffier; Muriel Bucher
Jules Valeur; Jérôme Petit; Simon Apostolou
Isabel Pagliai