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Rencontrer mon père

Alassane Diago
2018 Sénégal, France 105 min
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Aujourd’hui que je suis devenu un homme comme mon père, je vais à sa rencontre pour savoir ce qui le retient à l’étranger depuis ces nombreuses années sans donner de nouvelles, sans subvenir aux besoins de ses enfants, de sa femme, sans revenir…

“Notre cas n’est pas isolé”, souligne Alassane Diago. Dans les années 70-80, une sécheresse va pousser les hommes de son village peul d’Agnam Lidoubé, situé dans le nord-est du Sénégal, à émigrer vers des pays d’Afrique centrale, notamment le Gabon. Ceux qui ne sont pas rentrés sont souvent ceux qui ont estimé qu’ils ne pouvaient pas se targuer d’avoir réussi. “C’est une histoire certes personnelle, mais qui est universelle. Quand je filme ma mère, mes parents et ma famille, je pense à toutes ces familles et ces femmes qui vivent dans l’attente. Je pense à tous ces enfants qui, comme moi, ne se souviennent pas d’avoir prononcé le mot papa, qui ne le reverront jamais parce qu’il a émigré.”
Dans Les Larmes de l’émigration (2010), Alassane Diago avait filmé sa mère, dans son petit village de la région du Fouta, au nord du Sénégal, pour qu’elle lui raconte l’histoire de sa longue attente. La vie semblait s’être arrêtée vingt ans en arrière, dans la petite cour d’une maison restée en chantier, au pied de la mosquée. S’en remettre à Dieu, c’était l’unique réponse de la mère face aux demandes insistantes du fils sur le pourquoi de la disparition et celui de l’attente. C’est avec la même insistance qu’Alassane Diago s’adresse à son père, dans un face à face redoutable dont la caméra enregistre le moindre détail. Dans le petit village verdoyant du Gabon, très loin du paysage aride du Sénégal, où le père a refait sa vie et fondé une famille, une confrontation s’engage, dans laquelle la volonté de Dieu sert une nouvelle fois d’échappatoire. L’enjeu quasi thérapeutique qui s’offre alors au réalisateur semble être de libérer les sentiments enfouis pour ouvrir la voie à la réconciliation.

(Sylvain Maestraggi, Imagesdelaculture.cnc.fr)

Production :
Les Films Hatari, les Films d’Ici, Karoninka
Image, Son :
Alassane Diago
Montage :
Catherine Gouze
Contact copie :
jane@jhrfilms.com

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