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The United States of America

James Benning
2022 États-Unis 103 min
© James Benning, Courtesy of the artist and neugerriemschneider, Berlin
© James Benning, Courtesy of the artist and neugerriemschneider, Berlin

« C’est un aperçu des États-Unis au beau milieu de la pandémie de Covid. Le film contient des références à certaines de mes œuvres précédentes ainsi que des extraits d’archives relatifs à la politique et à la société. Il a été inspiré par la diffusion en 2020, sur la chaîne Criterion, de The United States of America, le court-métrage de 25 min tourné en 16 mm que nous avions réalisé avec Bette Gordon en 1975. » – James Benningrn

Les quelques passages parlés du film, à la demande du réalisateur, ne sont pas sous-titrés. Une traduction papier sera distribuée en entrée de salle.

Quarante-sept ans après un court métrage du même titre réalisé avec Bette Gordon entièrement dans l’habitacle d’une voiture, James Benning en modifie les règles. Les plans qui composent ce nouveau The United States of America ne traversent plus le pays d’Est en Ouest, mais réorganisent sur un plan alphabétique des vues d’environ deux minutes associées à chacun des cinquante États américains, en y ajoutant le nouvel état potentiel de Porto Rico. Chaque espace existe, comme toujours, dans une relation présente, passée ou future avec la gestion des ressources. Sous chaque plan, le bourdonnement de l’industrialisation, les fréquences changeantes d’un moteur incessant : extraire, récolter, générer, transporter. Parcimonieusement disposés dans la bande-son, des discours politiques (d’Eisenhower, Stokely Carmichael et John Trudell) montrent combien la propriété et la gouvernance de la terre oppriment et détruisent les corps, tandis que les rares musiques employées semblent répondre aux désirs du spectateur. Le road movie d’hier capturait les transformations géographiques du paysage à travers le cadre fixe du pare-brise d’une voiture et dans le sens qui fut celui de la Destinée manifeste ; celui d’aujourd’hui accumule des plans fixes qui semblent revendiquer à la fois une sorte de rétrospective de l’œuvre du cinéaste américain – rivières, drapeaux, miradors, usines, centrales, lacs, nuages et trains renvoyant aux films passés – et de composer une représentation morcelée et totale du pays. Bien sûr, comme tout langage, la représentation est un système arbitraire, et il se pourrait bien que cette horizontalité démocratique ne soit qu’une vaste plaisanterie.

Antoine Thirion

Production :
CalArts
Contact copie :
dylan@neugerriemschneider.com

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