Tout ce qui a une forme est appelé à disparaître
Au sud du Japon, le volcan en éruption Sakurajima domine et menace de dévaster les villes avoisinantes. De là , Pierre Carniaux demande à son ami Yusuke Oba ce qui lui manquerait le plus si tout venait à disparaître. Se déploie alors la rêverie brumeuse d’un homme nostalgique d’une disparition annoncée. Sur la ville encore en mouvement, sous des regards témoins, se surimprime l’éruption, la lave. L’image brûle et prévient de l’effacement. Sous le feu, sous l’eau, la silhouette fantomatique de Yusuke accompagne la traversée d’une ville qui se dissipe, coincée entre un passé à venir et un futur déjà irradié par l’impermanence des choses. La voix vague et le visage vaporeux, le film le prend comme au réveil à la fois d’un monde en déliquescence et d’un renouveau. « Les livres, lire, les amants, la mer » la voix lointaine de Yusuke énumère lentement les manques et élargit l’érosion. La lave s’étend, la destruction s’accroît, atteignant les rues de Tokyo et tout ce qui semble édifier sa vie, « arbres, jardin, odeurs, le ciel, pollution, famille, amis ». La crête d’une vague trace un dernier chemin et engloutit la ville. Reste « le sentiment du néant » et la nostalgie d’une forme.
Clémence Arrivé
Lorenzo Bianchi (Société Acéphale), Anthony Lapia (Société Acéphale)
Pierre Carniaux
Société Acéphale, Lorenzo Bianchi et Anthony Lapia, contact@societeacephale.com