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UN CAFÉ ALLONGÉ À DORMIR DEBOUT

WHY THE LONG COFFEE?
Philippe De Jonckheere
2023 France 53 min Langue : français

À l’hiver 2019, pour surmonter ma douleur paternelle, j’ai filmé l’hospitalisation contrainte de mon fils Nathan, au seuil de son incertaine entrée dans l’âge adulte.


On pourrait (il faudrait, même) se dispenser d’explication, saisir simplement le conseil amical donné par un premier carton : « Tendez l’oreille. » Écouter, donc, et regarder : la respiration profonde et calme d’un fils, très grand fils, qui dort ; la main qui caresse doucement sa nuque et qui est celle du père, derrière la caméra. Hors film, Philippe De Jonckheere explique que ce fils, Nathan, est atteint d’une forme singulière de handicap mental, aggravée par l’entrée dans l’âge adulte : c’est à ce moment-là qu’il le filme, pour partie à l’hôpital où on a dû provisoirement le placer, pour l’autre au grand air dans un doux paysage de lac et de forêt. Le film fait le portrait de leur relation, mais se garde bien de raconter quelque chose, d’autant plus que père et fils ne sont guère bavards. Et la fluidité paisible de son déroulement ferait presque oublier que sous ses airs de journal visuel, Un café allongé… relève davantage d’une science du collage (les séquences hospitalières traversées d’envoûtants arrangements de bruit), d’où procèdent des sensations sans mots, un peu hagardes, et rien moins que larmoyantes. Dans les Cévennes où se clôt le film, celles-ci cheminent vers un apaisement dont les bienfaits soulageront ensemble le fils, le père, et le spectateur, sous le patronage double de Fernand Deligny et d’un rayon de soleil venu prendre doucement, sur la nuque de Nathan, le relai de la main paternelle.

Jérôme Momcilovic

Lire aussi l’entretien avec Philippe De Jonckheere


Philippe De Jonckheere

Philippe De Jonckheere
1944, mon père voit passer des V1 dans le ciel.
1951, Robert Frank prend une petite fille, ma mère, en photo à Paris
Né en 1964.
Entrée en 1986 à L’ENSAD. Ennui.
1988, bourse d’études à SAIC (Chicago), profs sont Barbara Crane, Joyce Neimanas, Ken Josephson… Fin de l’ennui.
En 1990, assistant de Robert Heineken, des miracles tous les jours.
1995, Mai de la Photo à Reims, exposition censurée. Ennuis.
En 1998, retour en France, plus de photographie, essaye d’écrire. Pas doué.
1999 : Naissance de Madeleine.
En 1999, achète un ordi, apprends à m’en servir en apprenant à écrire, et inversement.
En 2000, construis un site, Désordre.net. Naissance de Nathan.
Rémi né le 9 avril 2004, Nathan enfin diagnostiqué autiste et mon père opéré du cœur, les trois le même jour.
2012 : “Robert Frank, dans les lignes de sa main”
2013 : Rien.
2014 : Rien.
2015 : Rien, me trompe de restaurant le 13 novembre, sinon…
2016 : Rien.
2017 : “Une fuite en Égypte”
2018 : “Raffut”
2021 : “Le Rapport sexuel n’existe plus”
2022 : “Je ne me souviens plus”
2023 : “Un café allongé à dormir debout”
2024 : “Les Peigne-culs”
2027-2064 : apprends la contrebasse et rejoins la ZAD de la Cèze
2064 : Suicide. Réussi.

Production :
Triptyque Films (Guillaume Massart)
Image :
Philippe De Jonckheere
Son :
Philippe De Jonckheere, Mikaël Barre
Montage :
Théophile Gay-Mazas
Musique :
Sophie Agnel
Contact copie :
Triptyque Films - carrive@triptyquefilms.fr

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