Urban Solutions
Un artiste européen relate son expérience de peintre de la vie quotidienne dans le Brésil de la période coloniale. Un concierge regarde les images des caméras de sécurité, tout en réfléchissant à sa relation avec ses employeurs. Tout semble être bien à sa place… jusqu’à ce que les images de l’artiste émergent, et avec elles les cauchemars du passé national.
Loin de la jungle chaotique, derrière les barrières automatiques d’impeccables immeubles bourgeois qui défilent, deux voix nous atteignent : celle d’un artiste de passage au Brésil pendant la période coloniale et celle d’un gardien d’immeuble aujourd’hui. L’un explore le pays régi par la violence de l’impérialisme et l’autre raconte, derrière des barreaux, l’absurdité de son travail de gardien. Il reste là des journées entières, les yeux rivés jusqu’à l‘épuisement sur le moniteur des caméras de surveillance installées dans de luxueuses résidences. Les deux témoignages se croisent et se répondent si bien qu’on ne sait jamais lequel est d’hier et lequel est d’aujourd’hui, tant les systèmes et les représentations se ressemblent et se répètent. L’esclavage sied si bien à la modernité qu’on pourrait voir une représentation coloniale à travers les caméras de surveillance des immeubles. C’est ce frottement qu’explore le quatuor de cinéastes, associant les pratiques coloniales aux pratiques contemporaines. Ici on paye des hommes pour se prémunir contre tout débordement, pour que tout reste à sa place. C’est en quelque sorte l’ordre des choses qui est maintenu par les habitants de ces luxueuses résidences. Et le gardien veille à ce que sa condition reste telle qu’elle est. Le ton reste joueur, éveillé et malicieux et le film tend plus vers l’invitation lumineuse que vers une lamentation solennelle. En réunissant des archives de révoltes passées et actuelles, il invite aux tableaux figés de l’imagerie coloniale à reprendre vie et à se retourner contre l’asservissement et la fascisation qui longe les grands portails.
Clémence Arrivé
Lire l’entretien avec Arne Hector, Luciana Mazeto, Minze Tummescheit et Vinicius Lopes
Cinéma copains
Arne Hector, Vinícius Lopes, Luciana Mazeto, Minze Tummescheit
Minze Tummescheit
Sara Lehn, Christian Obermaier
Minze Tummescheit, Arne Hector
copine@cinemacopains.org