Waiting for Sancho
Une enquête ontologique en un lieu où le cinéma devient plus que du cinéma. Peranson joue dans le film de Serra Le Chant des oiseaux et l’observe en train d’accoucher un film jusque-là à peine esquissé sur le papier, et découvrant, quasiment en temps réel, l’essence même de son film.
« Bon, s’il y a une chose que je voulais dire, une chose que j’ai compris en observant [Albert Serra] pendant une journée et puis en le filmant – et j’espère que c’est ce que les gens retireront du film –, c’est que la frontière entre le film et ce qui n’est pas le film est extrêmement floue et perméable. C’est ce que j’ai voulu montrer dans mon film : ça parle de cinéma de façon concrète (comment on réalise un film), mais aussi, dans un sens, de la création d’un univers propre. Ce style – cette façon de diriger les personnes, l’ambiance sur le tournage, le fait que toutes ces personnes proviennent de la même petite ville hors d’Espagne –, cela lui permet, selon moi, de faire advenir quelque chose d’unique à l’écran. Et dans mon film, on voit comment même le film Le Chant des oiseaux devient en quelque sorte une chronique de sa propre réalisation. La scène où nous marchons dans la montagne et où lui et Sancho échangent des propos sur les nuages, et sur le fait d’être au-dessus des nuages – eh bien juste après on voit [les Rois] qui, assis, parlent d’être au-dessus des nuages. En un sens, l’expérience du tournage finit par devenir le projet réalisé en lui-même. […] Cette similarité est d’autant plus intéressante que j’ai monté la première version de mon documentaire avant même d’avoir vu son film. Concernant le dernier plan, celui avec le soleil, je ne savais pas qu’il utiliserait un plan similaire dans son film. Et je ne pensais pas que ce serait aussi drôle, franchement. Enfin, pas mal de personnes trouvent ça drôle – et moi aussi… [Les deux films possèdent] chacun des moments similaires : de longs moments où il ne se passe rien, et puis des dialogues cocasses, et puis à nouveau de longs moments… Et ensuite, un changement de décor – et puis à la fin ils vont voir Marie et Joseph, et après on se dit au revoir. [Cette similarité] est assez drôle, car c’est une coïncidence. Peut-être qu’on est sur la même longueur d’ondes, je ne sais pas…»
Interview de Mark Peranson par Alan McInnis, 3 octobre 2008, www.alienatedinvancouver.blogspot.com
Cinema Scope Productions
Mark Peranson
Marc Benoit
Mark Peranson