When the Persimmons Grew
Immobile dans une maison où le sable du temps s’égrène au rythme des bruits de la campagne azerbaïdjanaise, une mère attend son fils. Lorsqu’il arrive, leur conversation tourne autour des questions existentielles et de nouvelles lointaines, troublantes et mystérieuses. L’agitation enveloppe le monde extérieur. « À la saison où les primevères rougissent et où les cerisiers fleurissent » : c’est ainsi que ma grand-mère décrit l’époque où la guerre prit fin. Elle parle du temps comme le faisaient les gens jadis, avant que le calendrier ne soit divisé en jours, en mois, en années. Quand le temps n’avait pas de nom et n’était pas mesuré par les nombres, il était réglé par les rythmes de la nature. Mon père est né « quand les rivières débordent et que l’herbe est fauchée », dit ma grand-mère, c’est-à-dire qu’il est né en juin. Les dates précises comptaient moins que les durées, auxquelles la nature donnait du sens. Le temps n’était pas une ligne continue. Il avait son flux et son reflux, selon les saisons ; il était façonné par les cycles naturels de la faune et de la flore. Le titre de mon film, « à la saison des kakis », rend hommage à cette façon traditionnelle de nommer le temps. À une époque, les personnes allaient et venaient dans ma famille. Nous nous rassemblions, nous nous séparions. Nous grandissions, et puis nous nous sommes mis à vivre nos propres vies. Tout changeait, tout devenait plus coloré, pour tout le monde sauf pour ma mère, que le temps laissa seule. J’ai quitté le foyer familial et y suis retourné huit ans plus tard – à la saison des kakis.
Hilal Baydarov
Ucqar Film, Subobscura Films
Hilal Baydarov