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When the Persimmons Grew

Hilal Baydarov
2019 Azerbaïdjan, Autriche 118 min

Immobile dans une maison où le sable du temps s’égrène au rythme des bruits de la campagne azerbaïdjanaise, une mère attend son fils. Lorsqu’il arrive, leur conversation tourne autour des questions existentielles et de nouvelles lointaines, troublantes et mystérieuses. L’agitation enveloppe le monde extérieur. « À la saison où les primevères rougissent et où les cerisiers fleurissent » : c’est ainsi que ma grand-mère décrit l’époque où la guerre prit fin. Elle parle du temps comme le faisaient les gens jadis, avant que le calendrier ne soit divisé en jours, en mois, en années. Quand le temps n’avait pas de nom et n’était pas mesuré par les nombres, il était réglé par les rythmes de la nature. Mon père est né « quand les rivières débordent et que l’herbe est fauchée », dit ma grand-mère, c’est-à-dire qu’il est né en juin. Les dates précises comptaient moins que les durées, auxquelles la nature donnait du sens. Le temps n’était pas une ligne continue. Il avait son flux et son reflux, selon les saisons ; il était façonné par les cycles naturels de la faune et de la flore. Le titre de mon film, « à la saison des kakis », rend hommage à cette façon traditionnelle de nommer le temps. À une époque, les personnes allaient et venaient dans ma famille. Nous nous rassemblions, nous nous séparions. Nous grandissions, et puis nous nous sommes mis à vivre nos propres vies. Tout changeait, tout devenait plus coloré, pour tout le monde sauf pour ma mère, que le temps laissa seule. J’ai quitté le foyer familial et y suis retourné huit ans plus tard – à la saison des kakis.

Hilal Baydarov

Hilal Baydarov

Fasciné par le mystère des gestes, Baydarov filme les corps de ses proches comme une sorte de chorégraphie sublime du quotidien. Il donne ainsi à voir l’intimité dans laquelle il se confronte au sentiment déchirant d’avoir abandonné sa maison, sa famille et la terre où il a grandi. Baydarov livre ainsi sa version du retour aux racines, le temps suspendu d’un été au village. (Elena López Riera, Visions du réel)

Production :
Ucqar Film, Subobscura Films
Image, son, montage :
Hilal Baydarov

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