Whipping Zombie
Entre danse et réactivation de la mémoire de l’esclavage, la violence d’un rituel haïtien, le kale zonbi (« zombie fouetteur »), filmé pour la première fois.
Dans un village haïtien reculé, une cérémonie rituelle est ici filmée pour la première fois : le kale zonbi (« zombie fouetteur »). Dans l’épuisement à mort des corps et leur renaissance symbolique, danse, musique et transe semblent rejouer avec une violence inouïe une lointaine mémoire de l’esclavage. Mais Yuri Ancarani sertit ce document ethnographique dans deux autres segments tendus, comme le rituel, entre labeur et mort : les magnifiques vues d’ensemble d’un cimetière où des chèvres sautillent de tombe en tombe tandis qu’ailleurs, au loin peut-être, une autre danse bat son plein. En voix off, un homme explique ce qu’est un zombie dans la tradition vaudou. « Moi, comme j’ai fouetté quelqu’un, je sais que quand je serai mort, quelqu’un me prendra. » L’autre segment du film montre un travail à la fois très physique et artistique, le fer découpé, artisanat typique haïtien dont les barils recyclés sont la matière première. Le montage tresse de manière serrée les coups de burin et les coups de fouet, les marteleurs et les fouetteurs, la maîtrise de l’artisanat et la déprise de la possession. Le film ethnographique glisse élégamment vers la restitution purement rythmique d’une énergie puisée dans la marginalisation d’un peuple. (Charlotte Garson)
Marco Alessi; Chloè Mukai; Simone Cipriani
Manuela Buono
Yuri Ancarani; Matteo Pit
Mirco Mencacci
Yuri Ancarani
Matteo Pit